La Révolution végétarienne by Thomas Lepeltier

La Révolution végétarienne by Thomas Lepeltier

Auteur:Thomas Lepeltier
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Sciences Humaines
Publié: 2013-03-14T16:00:00+00:00


L’idée de protéger les animaux10

Cette conscience de la sensibilité animale n’est toutefois pas sans conséquence. Elle débouche sur l’idée qu’il faut protéger les animaux de la cruauté humaine et donc leur accorder des droits. L’idée germe en Angleterre au début du XIXe siècle. En 1809 est ainsi fondée à Liverpool une Société pour la suppression de la cruauté gratuite à l’égard des animaux (Society for the Suppression of Wanton Cruelty to Animals). Son existence est éphémère. Mais en 1824 est créée à Londres la Société pour la prévention de la cruauté à l’égard des animaux (Society for the prevention of Cruelty to Animals). En 1840, elle reçoit le parrainage de la Reine, ce qui lui permet de devenir la Royal Society for the prevention of Cruelty to Animals (RSPCA). L’un des buts de cette Society est de peser sur le pouvoir politique afin d’obtenir des législations en faveur de la protection des animaux. À l’époque, des parlementaires, dont William Wilberforce, l’infatigable partisan de l’abolition de l’esclavage, venaient de déposer un projet de loi afin d’« empêcher le traitement cruel et inconvenant du bétail ». Le texte venait d’être adopté en 1822. La toute jeune RSPCA ne peut qu’y voir un modèle de démarche à poursuivre.

Le désir de protection des animaux ne peut bien sûr pas s’arrêter aux frontières nationales. Aussi n’est-il pas étonnant de voir la RSPCA encourager la création de sociétés similaires à l’étranger. L’Allemagne, l’Autriche et la Suisse sont les premiers pays à répondre à l’appel des défenseurs anglais des animaux. En France, il faut attendre 1845 pour que soit créée la Société protectrice des animaux (SPA). L’Italie et la Belgique ne sont pas loin derrière. Enfin, pour donner un dernier exemple, sous l’influence directe des membres de la RSPCA, la Société américaine pour la prévention de la cruauté à l’égard des animaux (American Society for the prevention of Cruelty to Animals) est créée aux États-Unis en 1866. Incontestablement, une dynamique est en marche.

Sur l’exemple anglais, les sociétés de protection animale cherchent à œuvrer sur le plan législatif. En France, la loi Grammont marque ainsi une première. Adoptée en 1850, cette loi punit d’une amende de un à quinze francs, et d’une peine de prison de un à cinq jours, « les personnes ayant fait subir publiquement des mauvais traitements aux animaux ». Le mot « publiquement » a souvent été commenté. Il soulignerait que les parlementaires ne voyaient pas de mal en soi à infliger des mauvais traitements aux animaux. Seul leur caractère public poserait problème. La situation est toutefois plus complexe.

Il n’y a pas de doute que cette loi, prise à la lettre, vise moins à soulager la souffrance animale qu’à proscrire son spectacle. Cette spécificité s’explique quand on la replace dans son contexte socio-historique. Cette loi peut en effet être vue comme une conséquence du développement de l’urbanisation et de l’industrialisation, c’est-à-dire une conséquence d’un processus historique qui a vu les populations quitter massivement les campagnes pour les villes, où elles ont acquis une nouvelle sensibilité, moins rustre, moins rude, moins violente.



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