La Renovation Du Shi'isme Ismaelien en Inde Et Au Pakistan: D'Apres Les Ecrits Et Les Discours De Sultan Muhammad Shah Aga Khan by Michel Boivin

Auteur:Michel Boivin [Boivin, Michel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Ethnic Studies, Social Science, Political Science, Regional Studies, General
ISBN: 9781136850196
Google: 9b_m7gDQf6YC
Goodreads: 18183055
Éditeur: Routledge
Publié: 2003-01-01T00:00:00+00:00

IX

Le Discours Moderniste

IX-1 LES FONDEMENTS POLITICO-ÉCONOMIQUES DU DISCOURS

a–l’Etat aga-Khanien

Le premier ouvrage que publie l’Aga Khan en 1918 – India in transition – porte comme sous-titre: “A study in political evolution”. L’examen de la table des matières donne un aperçu de ce que l’Aga Khan entend par politique. Il s’agit du sens général du terme, c’est à dire tout ce qui a trait à la vie collective dans un groupe d’hommes organisé. Les différents chapitres de India in transition traitent du pouvoir, de l’économie, de l’éducation, bref de tout ce qui est du ressort de l’Etat. Dans ce paragraphe, nous nous attacherons surtout à découvrir quelle est la conception aga-khanienne de l’Etat en tant qu’organisation centralisée du pouvoir.

Pour l’Aga Khan, le principal devoir de l’Etat est double: assurer l’organisation du développement “matériel” qui doit permettre d’instaurer progressivement le bien-être du peuple et travailler à l’associer graduellement au gouvernement1. Dans le cas où l’Etat n’assure pas cette fonction, il faut s’attendre à ce que le pays sombre dans l’anarchie. Il cite comme exemples la Russie, la Chine et la Turquie. Les piliers de l’Etat sont la monarchie associée à l’aristocratie qui ont réussi à lier les intérêts de chaque classe. Ce point de vue, comme le précédent, est basé sur l’observation que l’Aga Khan effectue sur les réalités de son époque. Il a constaté que trois grandes puissances correspondent à ce schéma: la Prusse, le Japon et la Grande-Bretagne. Pour cette dernière, cette association bénéfique entre la monarchie et l’aristocratie s’est accomplie depuis l’aube de l’histoire du pays. Près de quarante ans plus tard, dans ses mémoires, l’Aga Khan afirme toujours que le pouvoir politique et économique de l’Angleterre du début du siècle était entre les mains de l’aristocratie (p. 45).

Il existe bien pour l’Aga Khan des formes de gouvernement qui sont meilleures que d’autres: la monarchie par exemple. Mais malgré cela, la forme du gouvernement doit être adaptée aux conditions locales. C’est ainsi que vu la situation de l’Inde lorsqu’il publie India in transition, il lui semble que “the monarchy is the natural and fitting apex to the political structure, and must not remain so amid all coming permutations”2. Il est clair que pour l’Aga Khan, la monarchie représente l’unité dans un pays caractérisé par un nombre important de communautés d’une grande diversité: elle est le symbole de l’unité du pays mais l’Aga Khan semble la concevoir sous une forme constitutionnelle. En Inde, un Etat moderne doit être basé sur la coopération entre toutes les communautés et le gouvernement en donnant au peuple lui-même le droit à la participation directe au gouvernement. Un parlement central serait particulièrement mal adapté à cause de la trop grande diversité et la dispersion des intérêts, et du problème de la représentation des minorités de “quantité négligeable”.

Aurangzeb commit la plus grande erreur de l’histoire politique de l’Inde lorsqu’il mit fin à l’indépendance des Etats du sud de l’Inde pour unifier le pays. La solution politique pour l’Inde est un fédéralisme adapté à son cas particulier, mais l’Aga Khan cite malgré tout l’exemple des Etats-Unis et de l’Allemagne.

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