La religion by L. Racine

La religion by L. Racine

Auteur:L. Racine
La langue: fra
Format: epub
Tags: Literature
Éditeur: eBooksLib
Publié: 2001-12-15T00:00:00+00:00


CHANT 4

Les empires détruits, les trônes renversés, les champs couverts de morts, les peuples dispersés, et tous ces grands revers, que notre erreur commune croit nommer justement les jeux de la fortune, sont les jeux de celui, qui maître de nos coeurs, à ses desseins secrets fait servir nos fureurs, et de nos passions reglant la folle yvresse, de ses projets par elle accomplit la sagesse.

Les conquérans n'ont fait par leur ambition que hâter les progrès de la religion : nos haines, nos combats ont affermi sa gloire : c'est le prouver assez, que conter son histoire.

Je sais bien que féconde en agrémens divers la riche fiction est le charme des vers.

Nous vivons du mensonge, et le fruit de nos veilles n'est que l'art d'amuser par de fausses merveilles : mais à des faits divins mon écrit consacré, par ces vains ornemens seroit deshonoré.

Je laisse à Sannasar son audace profane : loin de moi ces attraits que mon sujet condamne : l'ame de mon récit est la simplicité.

Ici tout est merveille, et tout est vérité.

Le dieu qui dans ses mains tient la paix et la guerre, tranquille au haut des cieux change à son gré la terre.

Avant que le lien de la religion soit un lien commun de toute nation, il veut que l'univers ne soit qu'un seul empire.

A ce même dessein dès long-tems Rome aspire ; mais un état si vaste, en proie aux factions, est le regne du trouble, et des divisions.

Il veut que sur la terre aux mêmes loix soumise, un paisible commerce en tous lieux favorise de ses ordres nouveaux les ministres divins.

Ils pourront les porter par de libres chemins, si l'univers n'a plus pour maître qu'un seul homme.

Il l'a voulu ce dieu : la liberté de Rome ranimant ses soldats par César abbatus, du dernier coup frappée, expire avec Brutus.

Dans ses hardis vaisseaux une reine ose encore rassembler follement les peuples de l'aurore.

Elle fuit l'insensée : avec elle tout fuit, et son indigne amant honteusement la suit.

Jusqu'à Rome bien-tôt par Auguste traînées toutes les nations à son char enchaînées, l'arabe, le gelon, le brûlant afriquain, et l'habitant glacé du nord le plus lointain, vont orner du vainqueur la marche triomphante.

Le parthe s'en allarme, et d'une main tremblante rapporte les drapeaux à Crassus arrachés.

Dans leurs Alpes en vain les rhetes sont cachés : la foudre les atteint, tout subit l'esclavage.

L'Araxe mugissant sous un pont qui l'outrage, de son antique orgueil reçoit le châtiment, et l'Euphrate soumis coule plus mollement.

Paisible souverain des mers et de la terre, Auguste ferme enfin le temple de la guerre.

Il est fermé ce temple, où par cent noeuds d'airain la discorde attachée, et déplorant en vain tant de complots détruits, tant de fureurs trompées, frémit sur un amas de lances et d'épées.

Aux champs deshonorés par de si longs combats la main du laboureur rend leurs premiers appas.

Le marchand loin du port, autrefois son azile, fait voler ses vaisseaux sur une mer tranquile.

Les poëtes surpris d'un spectacle si beau sont saisis à l'instant d'un transport tout nouveau.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.