La réparation by Gagnon Katia

La réparation by Gagnon Katia

Auteur:Gagnon, Katia [Gagnon, Katia]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Canadienne
Éditeur: Bibliothèque de Nielcass
Publié: 2011-09-08T20:39:07+00:00


9

Le club des rejets

Marie Dumais était assise à la cafétéria, devant une assiette de pâté chinois. Elle était seule au bout d’une table. Dieu merci, la directrice avait été contrainte de l’abandonner pour régler une urgence. La veille, elle avait dîné à la salle des profs. Mais ce jour-là, ce qu’elle voulait voir, c’étaient les élèves.

Elle avait un journal plié devant elle et faisait mine de lire. En réalité, elle observait la cafétéria illuminée par de grandes fenêtres. Les tables bordées de bancs, entièrement repliables en cas d’événement spécial, étaient remplies d’élèves, dont chacun semblait savoir exactement où s’asseoir une fois son plateau garni.

Extrême est de la cafétéria : c’était la table de la bande à Florence Dugré. Elle était là, assise au centre, telle une souveraine régnant sur sa cour. Marie avait demandé, la veille, à voir sa photo, afin de pouvoir la reconnaître dans les corridors de l’école. Le cliché, pris à l’occasion d’une classe de neige, était magnifique. Florence Dugré y portait un habit de ski dernier cri, entièrement noir, avec parements fuchsia. Elle tenait un tout petit chien dans ses mains en souriant à l’appareil.

Après plusieurs coups d’œil discrets, Marie estima que l’adolescente était encore plus spectaculaire en personne. Une masse de cheveux bruns lisses. Des yeux en amande, une peau légèrement bistrée. Taille de guêpe. Jambes interminables. Une ode à la beauté des brunes.

Sa cour s’étendait sur deux tables, une douzaine de jeunes, filles et garçons mélangés. Il restait quelques places tout au bout de la seconde table, mais Marie avait noté qu’aucun élève ne s’était risqué à s’y asseoir, malgré l’encombrement général de la cafétéria.

À l’autre bout de la cafétéria, extrême ouest, c’était la bande de l’escalier. Marie les avait fréquemment croisés, depuis deux jours. À toutes les pauses, le groupe d’une dizaine de jeunes se rassemblait au troisième, à côté de la cage d’escalier. Ils l’avaient considérée avec une curiosité évidente, mais ne lui avaient pas adressé la parole. Ils étaient tous là, eux aussi répartis sur deux tables. Deux garçons assez grands. Trois filles blondes. Et plusieurs autres.

À sa grande surprise, l’un des garçons se leva et se dirigea vers sa table. Le bruit des conversations, soudain, s’atténua légèrement. Cinq cents paires d’yeux regardaient le garçon tout en prétendant regarder ailleurs. Elle fit semblant d’être absorbée dans la lecture de son journal.

— Madame Dumais ?

Marie lui sourit.

— Bonjour.

— Je peux vous parler un instant ?

Elle lui fit signe de s’asseoir.

Le garçon prit place en face d’elle.

— Vous êtes ici à cause de la mort de Sarah ?

— Exact, confirma la journaliste.

— Mes amis et moi aimerions vous parler. Mais pas ici. Pourriez-vous venir chez mes parents, ce soir ? C’est vendredi, mon père ne sera pas là. Mes amis demanderont à leurs parents de venir les reconduire.

Le garçon habitait à Saint-François, à quelques kilomètres à l’est de Saint-Mathieu.

— Pas de problème, dit Marie. À quelle heure ? Et c’est quoi, ton nom ?

Les parents de Maxime possédaient un magasin de meubles à Saint-François.



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