La Psychanalyse va-t-elle disparaître ? by Elsa Godart

La Psychanalyse va-t-elle disparaître ? by Elsa Godart

Auteur:Elsa Godart [Godart, Elsa]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Psychology, Movements, Psychoanalysis, General, Social Science, nouveaux
ISBN: 9782226427090
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2018-01-16T23:00:00+00:00


Vertiges de la solitude

C’est dans une grande indifférence, excepté quelques soubresauts médiatiques, que la solitude est en phase de devenir un symptôme. En prenant appui sur l’observation clinique, on constate que la solitude dont il est question ne fait pas directement écho au sentiment d’abandon, ni à la séparation : on est seul comme une évidence, comme un constat. On est seul d’être réellement seul, c’est-à-dire là où il n’y a physiquement personne d’autre que nous. Une solitude qui s’abat sur nous sans qu’on s’y attende : dans un contexte professionnel à forte mobilité, on change de travail, de lieu de vie, de région, on ne se fait pas nécessairement des « amis » et rapidement on se retrouve seul, isolé. À l’arrivée dans une grande ville pour y faire ses études, entraîné dans le tourbillon où chacun vaque à ses activités, il n’est pas simple de créer des liens. Parent ou personne âgée, « isolés » portant bien leur nom. Les cas où la solitude s’abat peu à peu sur nous sont nombreux après un divorce ou une rupture. Une solitude qui devient un constat. Et dont on souffre peu à peu de plus en plus. Une solitude dont on ne sait plus comment s’extraire tant elle va croissant, chaque jour passant. Mais notre solitude hypermoderne provient aussi de nos modes de vie.

Face à cela, le monde de la virtualité est à la fois une chance et une déveine. Une chance, car nous n’avons jamais eu autant d’occasions de se « rencontrer » par le bais de la connexion. Une déveine aussi car, dans le même temps, ce qui fait l’intensité d’une rencontre humaine se trouve considérablement appauvri par l’intermédiaire de la virtualité. Puis cela peut donner lieu à un mirage nous éloignant de notre ambition de briser la solitude. En effet, sur les réseaux sociaux, nos fameux « amis Facebook » nous donnent à vivre des émotions, des échanges, des « partages » avec les autres qui à bien des égards nous donnent le goût du réel et l’illusion de ne pas être seul. Mais pourtant, quand on finit de chatter, quand on raccroche le smartphone, il n’y a toujours personne. Et au plein de l’écran qui absorbe, le tout de l’attention, se substitue la densité du silence laissant place peu à peu à une étrange sensation d’être alone together.

Autrement dit, on peut être « seul ensemble » et c’est là un paradoxe de plus de notre hypermodernité. La solitude est devenue une souffrance, banalisée, oubliée, sous-estimée. Pire, la solitude est devenue une « maladie honteuse(97) » qui tue à petit feu. À quand des pilules contre la solitude, comme on tenterait de résorber un rhume ? À quand un pansement contre l’isolement, comme une suture sur nos plaies terriblement humaines ?

Il n’y a ni remèdes, ni médicaments, ni pansements, ni pilules contre la solitude. La solitude est un fardeau qui vient de l’existence elle-même. En ce sens, ce n’est pas l’hypermodernité qui a inventé la solitude ou l’isolement.



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