La porte des serpents (réédition) by Gilles Thomas

La porte des serpents (réédition) by Gilles Thomas

Auteur:Gilles Thomas [Thomas, Gilles]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2265048305
Éditeur: FNA 1887
Publié: 1992-01-25T23:00:00+00:00


XI

Veillée d'armes. Toute la maisonnée se serrait autour de l'âtre, dans la grande salle. Les flammes léchaient les bûches en chuintant.

Les filles étaient mi-effrayées, mi-excitées. Les cuisiniers prenaient des mines avantageuses, du genre vaillants défenseurs. L'armement était prêt. Quelques arcs, dont le mien, mais surtout du matériel ménager. Couteaux à découper, tranchoirs, broches et lardoires. Dangereux quand même. Tout sert, en cas de nécessité.

Jalina avait installé des guetteurs près des issues, avec mission de signaler le moindre bruit suspect, mais elle tablait sur une attaque en force, très bruyante, à la porte principale.

Ladros ne se classait pas dans les petits malins, et il n'écoutait pas volontiers les conseils. Il irait au plus simple, sans penser à imaginer un plan compliqué.

J'ai quand même demandé à Jalina si elle ne craignait pas que les chasseurs tentent d'incendier notre refuge.

- Ils n'y parviendraient pas. La maison est en pierre, et j'ai fait revêtir de métal les portes et les volets, ainsi que le toit. On ne dirige pas une maison comme la mienne sans être prévoyant. Les bandes comme celle de Ladros ne sont pas rares. Une sale histoire peut toujours arriver.

- Je suis désolé de t'avoir attiré ces ennuis, Jalina. Mais je ne pouvais pas les laisser tourmenter Malémon...

- Il n'aurait plus manqué que ça ! J'ai été prévenue en retard, sinon je serais intervenue moi-même. Si je laissais brutaliser sans réagir un employé de ma maison, le Lynx Bleu pourrait changer de mains. Dans ce métier, il faut savoir se faire respecter !

À voir la férocité des yeux pâles de Jalina, n'importe qui lui aurait témoigné beaucoup de respect. Une coriace, Jalina, tout comme son frère.

À bien y réfléchir, ce n'était pas si surprenant, compte tenu des mœurs pratiquées en Ustil. Mais j'étais habitué à des commerçants gras et mous, qui achètent aux racketteurs le prix de leur tranquillité. Notre époque de pseudo civilisation a toujours ses pillards - l'être humain n'a pas progressé aussi vite que la technique -, mais le courage est devenu une denrée rare. Et d'aucuns voudraient ériger la lâcheté en vertu. Une belle foutaise ! La frousse est dictée par l'instinct de survie, mais la seule supériorité de l'homme sur la bête, c'est d'être capable de dominer sa peur.

L'heure H se faisait attendre. Ladros avait-il changé d'avis ? Possible, après tout. Les cuisiniers perdaient de leurs airs conquérants. Les filles s'endormaient sur les tables, la tête dans leurs bras. Le gamin de l'écurie ronflotait, allongé devant l'âtre. La chaleur faisait sortir de ses vêtements imprégnés de purin une épaisse odeur âcre.

Jalina a poussé le garçon.

- Va dormir plus loin, Nilo, tu vas prendre feu.

Le gosse s'est déplacé en chancelant. Il ne s'était pas vraiment réveillé. Un enfant, treize ans au plus, bien jeune pour être déjà garçon d'écurie. J'ai demandé à Jalina qui il était.

- Un orphelin, qui couchait dans la rue. Je l'ai surpris en train de fouiller dans ma fosse à ordures. Je lui ai proposé du travail. Il aime les chevaux. Chez moi, il mange à sa faim, et il met ses gains de côté.



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