La pocharde by Jules Mary

La pocharde by Jules Mary

Auteur:Jules Mary [Mary, Jules]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Publié: 2011-06-11T22:00:00+00:00


X

LA VIE À DEUX

M. Barillier passa le reste de la journée à prendre des renseignements, continuant son enquête, recevant des dépositions de paysans. La vieille Catherine fut interrogée minutieusement. Comme elle était au service de Charlotte, elle avait dû observer beaucoup de choses. Mais le juge eut beau la questionner, elle ne fit que de vagues réponses et, en somme, sa déposition fut plutôt favorable.

– Voyez-vous, monsieur le juge, je ne peux rien dire, non là, vrai de Dieu, je ne sais rien… J’ai pourtant bien regardé, bien écouté aux portes, et jamais je n’ai surpris Madame, soit avec un homme, soit se livrant à la boisson.

– Cependant, elle ne s’enivrait pas avec des fleurs.

– Non, sûrement.

– Alors, comment expliquez-vous ?

– J’ai toujours cru que Madame avait une cachette… Maintenant, il faut dire que de ma cuisine la plupart du temps, je ne voyais pas ce qui se passait… J’arrivais le matin… je faisais un peu de ménage… j’allumais le fourneau et je préparais le déjeuner, puis je m’en allais… Madame faisait elle-même son dîner, car elle vivait de peu de chose… Dans la journée, s’il faisait mauvais temps, elle montait dans la chambre de ses fillettes et restait auprès d’elles… S’il faisait beau, elle passait le temps sur la terrasse… Et c’était comme cela tous les jours… La chambre de ses filles, c’était moi qui la faisais… Mais la sienne, elle ne voulait pas que j’entre dedans… Les enfants n’y venaient jamais… J’y suis entrée la première fois quand le petit Henri a été malade et qu’elle vagabondait, insensée, prise de boisson… Et un jour, j’ai failli y suffoquer… Ça manquait d’air… Je n’ai eu que le temps d’ouvrir… Et je crois bien que cette fois-là, si je n’étais pas entrée, le petit aurait rendu le dernier souffle… Il est vrai que ça n’a pas tardé beaucoup par la suite…

Le magistrat prenait des notes.

Et il inscrivit, comme une phrase ordinaire échappée à la courte intelligence de la vieille bonne, ces simples mots qui renfermaient tout le mystère de cette enquête, la solution du problème qu’il allait chercher et auprès de laquelle tous, juges, jurés, médecins, experts, avocats, allaient passer sans y prendre garde, sans même l’apercevoir : « Un jour, j’ai failli suffoquer… Ça manquait d’air… Je n’ai eu que le temps d’ouvrir !… »

M. Barillier ordonna l’autopsie de l’enfant mort.

Le rapport médico-légal allait donc avoir, en cette affaire, une importance capitale, car s’il concluait à la mort naturelle, Charlotte, du même coup, pouvait être déclarée innocente de ce crime.

Il ne resterait plus contre elle que le meurtre de Renneville.

Mais entre ces deux crimes, nous l’avons expliqué déjà, il y avait une corrélation étroite, un lien qui faisait qu’il était difficile d’innocenter Charlotte de l’un des deux sans la déclarer également innocente de l’autre.

Si le rapport médico-légal déclarait, contrairement à la lettre posthume de Renneville, qu’il n’y avait pas eu empoisonnement, dès lors, pourquoi Charlotte eût-elle assassiné Renneville, dont elle n’avait pas à redouter la déposition ?

Le mobile du crime disparaissant, il faudrait chercher ailleurs le meurtrier.



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