[La planète des ouragans 2] la petite fille et le dobermann by Serge Brussolo

[La planète des ouragans 2] la petite fille et le dobermann by Serge Brussolo

Auteur:Serge Brussolo [Brussolo, Serge]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
ISBN: 2265031224
Publié: 1985-02-13T07:08:27+00:00


CHAPITRE XVI

Isi se dressa sur un coude, cassée en deux par la quinte de toux. La fièvre collait le drap sur sa peau moite. Elle avait chaud et grelottait tout à la fois. Ses cheveux poissés par la sueur pendaient en longues mèches grasses sur ses épaules. Elle se laissa retomber en arrière. La lumière dispensée par la fente de la meurtrière n’éclairait que parcimonieusement la cellule d’habitation. L’impression d’étouffement qui accablait la jeune femme s’en trouvait accrue d’autant.

Quelqu’un gratta à la porte puis poussa le battant. La silhouette claudicante du vieux Walner s’encadra dans le chambranle. Il tenait une tasse fumante à la main.

— Des herbes, marmonna-t-il, un excellent remède. Tout l’orchestre est malade… Cette pluie, bien sûr. Une bronchite sûrement. Les vêtements mouillés, le vent glacé. C’est fatal !

Isi prit la tasse, la porta à ses lèvres.

— Attention ! s’alarma le vieux musicien. C’est brûlant !

Mais la jeune femme ne sentait rien. Le liquide bouillant coulait dans sa bouche insensibilisée sans éveiller la moindre douleur. Découragée, elle posa le récipient sur le sol.

— Pourquoi faites-vous semblant, Maître ? haleta-t-elle en le fixant avec insistance. Vous savez bien qu’il ne s’agit pas d’un banal coup de froid.

Le vieil homme parut se recroqueviller.

— C’est le poison des flûtes ! martela Isi. Tout le monde le sait bien mais personne ne veut jamais en parler. Il vous coule dans la gorge, dans le ventre, ses émanations vous emplissent les poumons. C’est le poison de la musique, Maître Walner, il nous intoxique tous à petit feu, et la douleur qu’il fait naître en nous est curieusement la seule que ne peut vaincre notre art… J’ai tort ?

Walner eut une crispation des lèvres.

— Non, mon petit, chuchota-t-il, la poudre d’os est mauvaise, ce n’est pas un secret pour les musiciens. Chaque fois que l’on joue sous la pluie c’est comme si l’on absorbait un plein verre de venin. Malheureusement, huit mois par an, et par la volonté des prêtres, il est difficile d’officier ailleurs que sous une averse. Certains de tes camarades sont très atteints. As-tu vu le teint plombé de Volmar ? Quelques-uns s’en tirent : ceux qui ont la chance d’être des compositeurs. Écrire leur permet d’échapper à la corvée des séances de combat. Ce fut mon cas. Sans le succès de ma première symphonie thérapeutique, je n’aurais pas quitté les rangs de l’orchestre… et jamais atteint quarante ans. Mon petit, il n’y a pour toi qu’un moyen de t’en sortir : termine ta symphonie et présente-la au grand Zarc. S’il la juge bonne, tu n’auras plus jamais à jouer contre l’ouragan. Tu écriras d’autres pièces analgésiques… Des mélodies anti-prurits, je t’aiderai. Ne tarde pas ! La saison qui vient va être dure pour nous, les crieurs de pluie ne se privent pas de le dire : voilà le temps des orages ! Il te faudra sortir cent cinquante fois pendant l’hiver. À chaque nouvelle averse tu boiras le poison de ta musique. Je te le répète, ne tarde pas, écris,



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