La philosophie du corps by Michela Marzano

La philosophie du corps by Michela Marzano

Auteur:Michela Marzano [Marzano, Michela]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Philosophie, Philosophie morale
ISBN: 978-2-13-061998-7
Éditeur: PUF
Publié: 2013-02-05T05:00:00+00:00


I. L’inné et l’acquis

1. La culture : ce qui permet aux hommes de s’élever au-dessus de leur être naturel

Le débat sur l’opposition entre nature et culture, inné et acquis remonte loin dans le temps et on en trouve les origines déjà dans l’Antiquité. Chez Aristote, par exemple, dans l’Éthique à Nicomaque, il existe une distinction entre zoè (c’est-à-dire la vie) que les humains ont en commun avec tous les êtres vivants, et bios, entendu comme le mode de vie d’une personne ou d’un groupe en particulier. La nature est donc considérée comme ce que partagent les animaux et les êtres humains, la culture étant en revanche ce qui permet aux hommes de s’élever au-dessus de leur être naturel et d’atteindre leur perfection au sein de la polis. Idée qui persiste au sein de la culture et de la pensée occidentale pendant des siècles. D’où, par exemple, le strict partage entre la parole, le logos, et le cri, la phonè. C’est la distinction qu’opère Aristote entre les hommes et les autres animaux, notamment au début de la Politique, où il est dit que « l’homme est par nature un animal politique » (I, 2, 1253 a 3) et qu’il est « de tous les animaux le seul à posséder le langage (logos) » (1253 a 10), ou encore dans De l’âme, où le philosophe précise que « tout bruit produit par l’animal n’est pas voix […] car la voix est un bruit qui signifie, et non pas seulement souffle d’air ». C’est la distinction que reprend, bien que dans un registre différent, saint Augustin : « Voilà deux choses : la voix et le verbe. […] Un mot quelconque qui n’offrirait aucun sens, n’est pas une parole (verbum). Une voix en effet, qui ne fait que retentir, qui ne présente aucune signification, et par exemple ce son qui sort de la bouche de quelqu’un qui crie, plutôt qu’il ne parle, on dit : c’est une voix, mais non une parole. Voici un gémissement, c’est une voix… c’est un son vague, qui frappe les oreilles, mais ne dit rien à l’intelligence, quant à la parole, pour qu’elle mérite vraiment ce nom, il faut qu’elle ait un sens… » (De dialectica, 7, 8). Mais c’est aussi la séparation faite par Descartes entre les êtres rationnels, qui expriment leur pensée par la parole, et les animaux qui, par leurs cris, ne peuvent exprimer que leurs émotions – les animaux ne peuvent « user de paroles ni d’autres signes en les composant, pour déclarer aux autres [leurs] pensées » (Discours de la Méthode, Ve partie). Certes, l’animal communique, mais il est totalement incapable de construire un énoncé qui fasse connaître non ses besoins, son plaisir ou sa douleur, mais ses pensées (Lettre à Morus, 5 février 1649). Capable d’articuler des concepts et de créer des énoncés dotés de sens, l’homme a été présenté pendant des siècles comme « différent » de toutes les autres créatures vivantes, rejetées, elles, du côté de la pure sensation et capables uniquement de crier.



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