La peur a changé de camp by Frédéric Ploquin

Auteur:Frédéric Ploquin [Ploquin, Frédéric]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Police
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2018-09-15T00:00:00+00:00

DERNIER MOT

Chefferie, un directeur se lâche

* * *

Le lecteur comprendra que l’on taise son nom en lisant les propos de ce directeur. Impossible pour lui de tourner le dos aussi sèchement à la langue de bois en affichant son identité, sauf à compromettre définitivement sa carrière à l’Intérieur, une maison où la parole reste très encadrée.

« La hiérarchie supérieure a tendance à négliger la piétaille, or les policiers ont besoin d’être aimés. Ils se sentent considérés quand ils ont à leur tête des chefs charismatiques. Sous l’autorité d’un directeur absent, qui ne s’impose pas, dirigés par un commissaire qui ne va pas au contact, ils souffrent d’un manque de reconnaissance. Ils se sentent livrés à eux-mêmes sous la coupe de chefs frappés d’une forme d’aveuglement, de surdité face au peuple qui un jour finit par se venger. La technocratie croit tout savoir, mais elle va tuer la police comme elle tue le pays.

En fait, les policiers sont généralement à l’image de leur chef. C’est souvent leur faute s’ils se comportent mal sur le terrain. Les flics ne sont pas plus racistes que d’autres, mais ils sont embêtés au quotidien par une certaine population issue de l’Afrique noire qui se sent soutenue par les politiques. Pour tenir un mec qui fait 1,90 m à 16 ans, ils s’y mettent à trois. La suite dépend de ce que le chef leur a inculqué. Lorsque la police n’est plus tenue, cela se traduit forcément par des exactions. Le chef fait un sport de combat ? Ils sortent plus facilement le bâton.

Les grands chefs flics ne sont pas irréprochables. Tous ont touché du pognon pendant des années, des espèces ponctionnées dans la caisse des frais d’enquête et de surveillance. J’ai vu un directeur gratifié de douze mille euros pour son déménagement ! Tant que cette maison ne sera pas rénovée de la cave au grenier, elle continuera à godiller, à avancer par à-coups en fonction des idéologies, des événements ou des bavures. Elle n’a pas de colonne vertébrale.

Les vieux chefs sont des semi-politicards que l’on promeut par copinage. Les compétences devraient un jour prévaloir sur les potes, l’influence maçonnique et les amitiés particulières. À Londres comme à New York, il faut venir du terrain pour devenir chef de la police ! Il est temps que cette génération parte à la retraite, moi compris, et laisse la place à des jeunes qui ont des idées.

Au gré des élections, on met un coup de barre à droite, un coup de barre à gauche, mais on ne résout pas les problèmes. La question des gardes statiques est pendante depuis trente-cinq ans, celle des votes par procuration, qui encombrent les commissariats, traîne depuis aussi longtemps, comme celle de la présence auprès de la population. Les majorités passent, les sujets restent et rien n’avance. Résultat, la police est en piteux état, on a même régressé sur certains plans, engluée qu’elle est dans des tâches administratives et procédurales qui l’éloignent de la voie publique, où il n’y a plus personne.

Quelques

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.