La Petite Reine De Bahia by Alejandro Reyes

La Petite Reine De Bahia by Alejandro Reyes

Auteur:Alejandro Reyes [Reyes, Alejandro]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Denoël
Publié: 2014-05-12T00:00:00+00:00


1. Allume-feu.

2. Plat typique à base de haricots et de viande de porc.

3. Vodka citron.

13

Maria Aparecida m’a regardée, abasourdie, essayant de démêler le micmac qu’elle avait dans la tête et le fouillis de sentiments qui la submergeaient. Alors elle a reconnu ce visage… un visage si différent, avec ses longs cils et ses lèvres rouges, marqué par le passage du temps mais pas seulement, il avait aussi autre chose, un je-ne-sais-quoi de délicat, doux, étrange, des cheveux frisés… et pourtant c’était le même visage… le mien. Elle a écarquillé les yeux et a souri, encore vasouillarde, ne sachant pas si ce qu’elle voyait était la réalité ou le fruit de son délire.

– Betinho ? !

Je n’arrivais pas à répondre. Un nœud gros comme ça m’entravait la gorge, mes lèvres tremblaient et je n’ai pas pu retenir mes larmes. Au prix d’un immense effort, Maria Aparecida a levé le bras et posé sa main sur mon visage, elle a promené ses doigts sur mes lèvres, mon front, mes yeux embués de larmes. Elle avait son petit sourire triste et pleurait elle aussi. Ensuite elle a pris mon bras et l’a pressé contre sa poitrine, elle a fermé les yeux, puis elle est restée longtemps comme ça, serrant mon bras très fort et pleurant tout doucement, jusqu’à se rendormir.

Pendant ce temps, Creuza, ratatinée sur une chaise de l’autre côté du lit, se tenant les genoux, nous regardait d’un œil à la fois intense et vide. Elle semblait si jeune, si petite et si fragile, dans cette position. Elle m’a fait beaucoup de peine. On est restées là, en silence, jusqu’à ce que l’infirmière arrive pour dire que l’heure des visites était terminée.

J’ai retiré mon bras délicatement pour ne pas réveiller Maria Aparecida et je suis sortie avec Creuza. Aucune de nous deux n’avait mangé de la journée, alors je l’ai invitée à dîner dans un bar à Acupe de Brotas. Elle a haussé les épaules et m’a suivie, muette. On s’est assises, j’ai passé la commande et l’ai regardée.

– J’ai trouvé une piaule à Rio Vermelho, sur la colline de Pedra da Sereia. Tu vois où c’est ? C’est tout petit, mais on peut y tenir à trois.

Elle n’a pas répondu, elle a encore haussé les épaules et a regardé en direction de la rue.

– T’entends ? On peut emménager demain. Ce serait bien que tout soit prêt, tu crois pas. Pour la sortie de Maria Aparecida…

Elle a continué de m’ignorer. Au bout d’un moment, elle m’a regardée fixement et m’a dit :

– Elle t’aime beaucoup, pas vrai ?

– Elle m’aimait. Je ne sais pas si elle m’aime encore.

– C’était ta petite amie ?

J’ai rigolé.

– Qu’est-ce que tu racontes, ma grande ! J’aime pas les filles.

– Et pourquoi tu l’as appelée ta reine ?

– Ben parce qu’elle est la reine du cinéma Roma. Tu savais pas ?

Je lui ai raconté l’histoire, nos aventures à travers la ville basse, le jour où Maruim l’avait baptisée reine du cinéma Roma. Creuza a écouté avec



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