La Peste noire, 1345-1730 by Naphy William & Spicer Andrew

La Peste noire, 1345-1730 by Naphy William & Spicer Andrew

Auteur:Naphy, William & Spicer, Andrew
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Histoire
Éditeur: Autrement
Publié: 2000-05-14T16:00:00+00:00


V. LE BOUQUET FINAL

La Grande Peste de Londres, 1665

On ne parle que d’Untel, qui est mort, d’un autre qui est malade, de beaucoup à tel et tel endroit…

Pepys

Au cours des chapitres précédents, nous avons développé des thèmes récurrents, parmi lesquels figurent en bonne place l’introduction et l’adoption du dispositif sanitaire italien. Tout aussi marquante est la résistance déployée par des individus, à tous les niveaux de la société, pour bloquer le système. D’où une tension sociale profonde car, si chacun voulait bien prévenir la peste, ou du moins la limiter avant de l’éliminer, personne n’acceptait le prix à payer. Personne n’acceptait d’être enfermé à domicile avec un proche mort ou mourant, et donc beaucoup tentaient de cacher des décès ou des maladies douteuses. Personne ne souhaitait voir ses biens détruits, d’où des mensonges constants. Être envoyé au lazaret équivalait à un arrêt de mort, donc chacun dissimulait toute trace de maladie. À tous les niveaux, les peurs et les égoïsmes individuels se combinaient pour freiner l’efficacité des mesures prises par les responsables sanitaires et les municipalités.

Il en était malheureusement de même au niveau gouvernemental. Plus d’un parlement régional dissimula la présence de la peste sur son territoire pour tenter d’éviter les effets désastreux sur le commerce qu’un blocus ou une mise en quarantaine auraient entraînés. Des responsables locaux tentaient de retarder la panique populaire en occultant les premiers cas de peste ou en truquant les statistiques de mortalité. On ignorait ou rejetait les recommandations des médecins qui auraient pu aller à contre-courant des habitudes sociales, culturelles ou économiques. On ne compte plus les occasions où, poussés par des considérations pragmatiques ou commerciales, des notables hésitèrent ou temporisèrent au lieu de faire front face à l’épidémie. Toutes ces attitudes se retrouvent dans le cas de Londres en 1665. On peut même se demander si tant de prévarication devant une crise sanitaire majeure ne reflète pas une tendance lourde de l’âme humaine qui n’est pas propre à la peste.

Fin avril, les autorités firent savoir que quarante-deux personnes avaient été frappées d’un mal pernicieux, à la virulence extrême, inconnu à Londres depuis bientôt dix ans, si bien qu’aucun expert n’était à même de proposer un remède ni même de mesures préventives. Devant cette incertitude, les autorités reprirent les règlements en vigueur lors des derniers épisodes connus : les citoyens contaminés, ou ayant été en contact avec des malades, devaient soit se rendre dans l’un des hôpitaux de la ville, soit se cloîtrer chez eux. Dans ce cas, la ville enverrait du personnel médical et autre leur rendre visite et vérifier qu’ils ne manquaient de rien. De plus, le Conseil privé et la Corporation assuraient à leurs administrés qu’il ne serait pas nécessaire de lever des impôts nouveaux car les dépenses induites seraient couvertes par les recettes existantes et par la charité de généreux donateurs dans toute l’Angleterre. Même si beaucoup doutaient que les sommes ainsi récoltées suffiraient, la population garda un calme relatif en attendant de savoir s’il s’agissait de cas isolés ou



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