La Parole Des Morts by Peter Tremayne

Auteur:Peter Tremayne [Tremayne, Peter]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier historique
Amazon: B008HUBZVS
Éditeur: 10/18
Publié: 2012-06-19T22:00:00+00:00

QUI A VOLÉ LE POISSON ?

Sœur Fidelma leva un regard étonné sur le moine qui venait de faire irruption dans le réfectoire où elle s’apprêtait, avec d’autres religieuses, à s’asseoir à une longue table en bois. L’abbé Laisran venait juste de demander le silence avant de dire le bénédicité.

Se rendant compte de l’émoi qu’avait causé son entrée fracassante, l’homme s’immobilisa, rouge et embarrassé, et se tordit les mains, sans doute en proie à une indécision paralysante. Le repas de ce soir-là revêtait une importance particulière car le monastère recevait le vénérable Salvian, un émissaire de Rome qui visitait l’abbaye de Durrow. Le patricien romain, qui avait pris place à la droite de l’abbé, ouvrit des yeux ronds devant cette bruyante interruption.

Le moine, parvenant enfin à surmonter son angoisse, se précipita vers la table principale où l’abbé Laisran le fixait d’un air irrité, pour lui chuchoter quelques mots. L’étonnement se peignit sur les traits de l’abbé. À son tour, il murmura à l’oreille de son intendant qui haussa les sourcils. Puis l’abbé se tourna vers le vénérable Salvian et lui parla avec excitation, ce qui, loin de rassurer l’envoyé de Rome, sembla ajouter à sa perplexité.

Enfin l’abbé se leva, descendit l’allée du réfectoire dans le sillage du religieux qui avait retardé le repas, et obliqua brusquement sur Fidelma.

– J’ai besoin de tes services, dit-il d’un ton sans réplique. Suis-moi.

Elle s’exécuta sans poser de questions et le trio sortit à grands pas de la salle.

Ils ne s’arrêtèrent que dans la cuisine, une pièce tout en longueur où plusieurs religieux aux manches retroussées et affublés de tabliers se tenaient immobiles et muets, ce qui ne manquait pas de surprendre en pareil lieu et à pareille heure.

Laisran se tourna vers l’homme qui les avait conduits jusque-là.

– Et maintenant, frère Dian, expliquez la situation à sœur Fidelma.

Frère Dian – le cuisinier en second – hocha la tête à plusieurs reprises avant de se lancer :

– Cet après-midi, frère Roilt, notre chef cuisinier, s’est rendu à la rivière pour pêcher un saumon afin d’honorer notre invité.

– Il en a d’ailleurs ferré un magnifique, intervint l’abbé. Et il s’apprêtait à l’accommoder selon une de ses meilleures recettes pour le vénérable Salvian. Ce poisson était destiné à lui montrer nos talents culinaires.

– Nous l’avons vidé, écaillé, et frère Roilt le faisait cuire pour qu’il soit servi après le bénédicité. Moi, j’étais chargé de préparer les légumes. Je les faisais frire de ce côté-ci pendant que frère Roilt apprêtait son saumon de l’autre. Puis le frère chargé de surveiller les servants m’a annoncé que tout le monde attendait. J’ai levé la tête vers frère Roilt, je pensais qu’il allait remettre le plat aux servants, mais il s’était absenté. Je me suis déplacé pour prendre le plat et… il avait disparu lui aussi !

L’abbé Laisran poussa un grognement.

– Le mets de choix que nous réservions à Salvian ! Volé ! Nous voilà bien.

– Pourquoi pensez-vous qu’il a été volé, cousin ?

– J’ai fouillé partout et interrogé les six frères ici présents qui travaillent avec moi, répondit Dian.

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