La Nuit où J'ai Tué Jim Morrison by Luigi Milani

La Nuit où J'ai Tué Jim Morrison by Luigi Milani

Auteur:Luigi Milani
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Dunwich Edizioni
Publié: 2014-10-15T00:00:00+00:00


Deuxième partie

PRÉSENCES IMPOSSIBLES

If my poetry aims to achieve anything,

it’s to deliver people

from the limited ways

in which they see and feel.

Jim Morrison

Paris, le 19 juin 1980

Tôt le matin. L’air frais donne envie de se promener le long de la Seine, tandis que le fleuve serpente sinueusement, comme un reptile qui simule l’indifférence avant de te saisir entre ses spires.

Frank Colan, photographe Italo-américain ayant une certaine notoriété, se sent agité. Il est insatisfait de lui-même, tout comme de sa propre vie. Il commence à en avoir assez des chanteurs, des concerts, des paillettes, de ce cirque rock, rutilant, et dans le fond, factice. Pendant un an, après l’enivrement du glam rock britannique et l’avènement libératoire, d’abord du punk, et ensuite de la new wave, il s’est senti partie intégrante de ce monde. Mais à présent que les Majors sont en train de l’emporter sur la créativité, il perçoit nettement toute la fausseté et l’hypocrisie du show business. Les maisons de disques et les managers avides ne s’intéressent qu’aux dollars. Ils ne veulent même pas entendre prononcer le mot art.

Certes, il a déjà éprouvé cette sensation dans le passé. Mais maintenant, au lendemain de la tournée internationale des Rolling Stones qui a duré plus de deux ans, il est vraiment épuisé.

C’est avec une précision douloureuse qu’il perçoit maintenant sa propre inadéquation à gérer son rôle de témoin.

Plus que témoin, disons plutôt complice d’un système pourri et corrompu jusqu’à l’os, pense le photographe, si nerveux qu’il irait bien jusqu’à se bagarrer, si seulement l’occasion s’en présentait. Pour le plaisir de soulager son trop-plein d’agressivité accumulée ces derniers temps.

Le souvenir de l’agression subie par une patrouille de policiers en civil à Milan, au stade San Siro, pendant le concert de Bob Marley, est encore très vif, car c’est bien de cela dont il s’agit, rien ne sert de se cacher derrière d’inutiles euphémismes.

C’était à la fin du mois de mai, et cet événement, grâce au tam-tam souterrain habituel, s’était rapidement transformé en un grand rassemblement, le dernier, de la contre-culture juvénile. Les dernières lueurs de la génération de rebelles du Parco Lambro de Milan, et des vieux hippies aux cheveux désormais grisonnants.

Il y avait beaucoup de drogue en circulation ce jour-là, et les forces de l’ordre, non seulement patrouillaient aux alentours du stade, mais s’étaient également infiltrées parmi les spectateurs.

Pendant qu’il prenait des instantanées du public qui assistait au concert, il fut bousculé par une patrouille. Ses longs cheveux, sa barbe à la Che Guevara et ses tatouages ont probablement attiré l’attention.

Montrer ses laissez-passer et sa carte de presse n’a servi à rien. Bien que légitimes, ses remontrances n’ont eu pour effet que de foutre davantage en rogne les policiers en civil. Menotté pour résistance à un officier ministériel, une fois conduit au commissariat de police, il a été tabassé à sang.

« Drogué à la con, ça t’apprendra à te mêler de ton cul ! » lui ont-ils hurlé, en le matraquant au ventre et sur le cou. Ce n’est que tard dans la nuit



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.