La moira 2 by Henry Loevenbruck

Auteur:Henry Loevenbruck [Loevenbruck, Henry]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2011-01-06T12:19:34.558000+00:00

* * *

Dès son arrivée derrière les murs de Providence, Odhran comprit que quelque chose dans la ville avait changé. Ce n'était pas seulement la peur de la guerre qui se lisait dans le regard des habitants de la capitale, mais autre chose que le druide ne parvenait encore à comprendre. Quelque chose de propre à la ville. Entre les citadins. Dans l'humeur des commerçants. Le pas urgent des patrouilles militaires. L'air, même, avait une pesanteur nouvelle.

Amine. Cela venait sûrement de la reine. C'était le seul événement nouveau, à Providence, et Odhran était presque sûr que l'arrivée de cette étrangère inconnue était responsable de l'atmosphère qui pesait sur la ville. Mais qu'avait-elle fait ? Était-elle une si mauvaise reine ? Avait-elle transformé le roi d'une façon que les habitants ne supportaient pas ? Odhran était curieux de la voir.

Il était sans doute le plus calme de tous les Grands-Druides. Jamais on ne le voyait s'énerver ou perdre patience. C'était sûrement pour cette raison qu'Ernan l'avait choisi pour gérer la guerre qui se préparait. Odhran passait la plupart de son temps en dehors de Saî-Mina. Il avait l'habitude de voyager. Proche de la nature, il aimait passer des nuits, des semaines entières loin des villes et des hommes. Il parlait la langue des silves, savait écouter les lutins, reconnaître les arbres et prédire le temps. Sa sagesse était un exemple pour tout le Conseil, et pourtant il ne serait jamais Archidruide. Il aimait trop sa liberté pour cela…

Avant d'arriver à Providence, il n'avait pas fait prévenir le roi comme le protocole l'exigeait d'ordinaire, et personne ne l'attendait à l'entrée de la ville. Quelques passants lui adressèrent toutefois un regard étonné. Les druides ne manquaient pas dans l'enceinte de la cité, mais on n'avait pas l'habitude de voir un membre du Conseil parcourir les rues sans escorte.

Il continua sa route jusqu'au palais d'Eoghan sans faire aucune pause. Il maintint le pas de son cheval à un rythme soutenu. Le temps pressait, et il comptait aussi sur l'effet de surprise. Il espérait arriver à la cour du roi avant qu'aucun de ses sujets ne puisse le prévenir de sa venue.

Le Grand-Druide aurait pu envoyer un apprenti à sa place, mais il avait tenu à venir lui-même. Il savait que l'adhésion d'Eoghan aux plans de Saî-Mina était essentielle. Le Conseil ne pouvait se passer de l'appui du roi. Et pour convaincre celui-ci de passer à l'action dans les délais qu'espérait le Conseil, le pouvoir de persuasion du druide ne serait pas superflu.

La silhouette crénelée du palais se dessina bientôt au-dessus des toits rouges de la capitale. Il n'avait pas la grâce de Saî-Mina, mais c'était tout de même une construction éblouissante. Ce qui faisait la réputation du palais royal, c'étaient surtout ses jardins, magnifiquement entretenus hiver comme été.

Il arriva à l'entrée du palais que les soldats d'Eoghan, la couronne de diamants brodée sur leurs vêtements, gardaient depuis quatre guérites de bois et un petit bâtiment de pierre en recul. Odhran arrêta son cheval devant la grille principale et attendit que l'un d'eux vienne ouvrir le passage.

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