La mécanique du piano by Cander Chris

La mécanique du piano by Cander Chris

Auteur:Cander, Chris
La langue: fra
Format: epub
Tags: Litt. étrangère
ISBN: 9782267031638
Éditeur: Christian Bourgois
Publié: 2019-03-15T00:00:00+00:00


Le soleil avait sombré derrière les montagnes quand elle déboucha sur le parking où flottait un air frais chargé d’odeurs qu’un vent soutenu rapportait du désert. Elle ferma les yeux, inspira longuement. Avait-elle jamais été aussi fatiguée ? La route s’étirait dans le lointain et, se rappelant le long chemin monotone qui l’avait conduite ici plus tôt dans la journée – elle n’était donc arrivée dans la vallée de la Mort que depuis ce matin –, elle sentit toute son énergie l’abandonner. Elle se dit qu’elle n’arriverait pas à rentrer à Bakersfield si elle ne dormait pas quelques heures au préalable. Elle ouvrit son coffre et en tira une serviette de bain qu’elle utiliserait comme couverture, elle laissa une petite ouverture en haut de chaque vitre pour qu’un filet d’air puisse passer et s’allongea sur la banquette arrière. En moins d’une minute, elle était profondément endormie.

Elle fut réveillée par un rire. Malgré la lumière intempestive qui émanait du motel, les étoiles formaient des points brillants nettement visibles dans le morceau de ciel découpé par sa vitre. La température avait chuté. Se redressant, Clara chercha son téléphone quelque part à côté d’elle pour regarder l’heure : 23 h 12.

« Les chiffres. » Une minute trop tard pour faire un vœu. Quand elle était enfant, elle regardait régulièrement l’horloge jusqu’à ce qu’elle marque 11 h 11 ; à ce moment-là, elle fermait les yeux et formulait un souhait mais, ces dernières années, elle ratait toujours le bon moment. Elle se frotta les yeux en bâillant. Ce n’était pas grave ; elle n’aurait pas su quoi souhaiter de toute façon.

Elle sortit, s’étira, scrutant les environs pour voir d’où provenaient les rires : quelques personnes étaient installées dans des fauteuils pliants non loin du motel, on voyait le bout de leur cigarette qui rougeoyait. Elle aurait bien voulu s’asperger un peu d’eau sur le visage mais elle était trop embarrassée à la perspective de retourner voir l’employé de la réception. Elle aperçut de l’autre côté de la route une station-service où elle pourrait s’arrêter en repartant. Elle allait remonter en voiture quand elle avisa une enveloppe au nom du motel posée sur le siège avant. Dedans, elle trouva un mot, et une clé.

Même les chiens perdus ont le droit de dormir dans un lieu correct. Chambre 213, bât. Roadrunner. G.

Elle avait récupéré son petit sac de voyage dans la boîte à gants et était en train de chercher le bâtiment sur le plan, à l’entrée du motel, quand elle se demanda soudain ce qui avait pu motiver une telle générosité. Elle se souvenait de ce que lui avait dit le réceptionniste, qu’il n’y avait plus une seule chambre disponible, et elle n’avait aucune raison de ne pas le croire ; le restaurant et le saloon étaient pleins et, même à cette heure avancée de la nuit, les gens continuaient d’aller et venir.

Deux jeunes couples, tous les quatre charriant un ordinateur portable, la dépassèrent en riant alors qu’elle déchiffrait chaque numéro sur les portes qui donnaient sur une passerelle couverte.



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