La Haine en ligne by Doucet David

Auteur:Doucet David
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2020-08-26T14:01:50+00:00

« Ma fille m’a demandé de supprimer nos photos sur Facebook »

L’infamie est une geôle dont on ne s’échappe pas. Elle imprègne autant le théâtre social que la scène familiale et intime de la personne qui en est recouverte. À la souffrance d’être humilié s’ajoute un sentiment de culpabilité lié à la tristesse que l’on inflige par ricochet à ses proches. « Le plus dur, c’est d’avoir indirectement fait du mal aux personnes que j’aime le plus, s’épanche Éric Brion. Cette douleur de rendre tristes les personnes avec lesquelles j’étais le plus intimement lié. Je me souviens de la douleur quasi physique de mon père qui a plus de soixante-dix-sept ans, les pleurs de ma mère au téléphone ou bien encore la tristesse de mes filles. »

Pour protéger sa famille et notamment sa fille cadette encore au collège, Éric Brion se mure dans le silence et évite de réagir dans les médias. « Je ne voulais pas faire les gros titres et que les camarades de classe de ma fille finissent par l’apprendre, confesse-t-il. Les réactions des gamins sont trop violentes, j’ai voulu la protéger. » Sa femme ne résiste pas à la pression autour de son nom et choisit de le quitter. « Au début, elle m’a soutenu, mais ensuite la déformation des faits a été trop lourde à porter, bougonne-t-il. Une collaboratrice a osé lui dire : “Comment tu peux rester avec ce violeur ?” »

À ses yeux, l’épreuve la plus douloureuse fut le coup de fil qu’il a été obligé de passer à sa fille aînée de dix-huit ans qui vit au Canada. « Elle m’a demandé de lui exposer ce qui s’était passé, se remémore Éric Brion d’une voix dénouée. Être contraint d’exposer son intimité à son enfant, c’était éprouvant. Elle a compris que je n’avais rien commis d’illégal, mais savoir que son papa avait pu draguer lourdement quelqu’un, c’était dur à encaisser, surtout qu’elle a été confrontée à pas mal de garçons qui se sont mal comportés. » Sa fille se montre compréhensive, mais lui demande de supprimer leurs photos communes et leurs liens de parenté sur Facebook afin que ses copines ne s’en aperçoivent pas. Éric Brion accuse le coup puis s’exécute. « Elle avait totalement raison de ne pas vouloir être importunée, mais c’était douloureux de devoir faire disparaître nos souvenirs communs. »

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