La guerre des pantoufles by Béatrice Égémar

Auteur:Béatrice Égémar [Égémar, Bétrice]
La langue: fra
Format: epub
Tags: roman jeunesse
Éditeur: Ex Aequo
Publié: 2018-04-05T00:00:00+00:00

5

Le plâtre

Après ça, je me suis retrouvé avec un plâtre pour quatre semaines. À l’école, le premier jour, tout le monde est venu voir à quoi ça ressemblait, et les copains ont écrit des choses sur mon plâtre :

« À Maxence, signé Nicolas »

« Joyeux Noël, signé Marine »

et même : « tu as pris une bûche pour Noël » !

Ça, c’était un coup de mon ami Simon, il trouve toujours des blagues pas possibles ! J’ai ri, mais je n’étais pas très gai : j’allais passer la moitié des vacances de Noël dans le plâtre, quelle malchance….

À la maison, j’étais bien obligé de mettre une vieille pantoufle sur mon pied droit, celui qui n’avait pas de plâtre, si je ne voulais pas tomber. Et tout le monde avait oublié les pantoufles chaussettes, je crois que Camembert les avait mangées.

On m’a enlevé mon plâtre deux jours avant Noël. Ça a été merveilleux de se sentir libre comme avant, de pouvoir courir, dévaler les escaliers (papa avait suivi le conseil du docteur et mis un tapis). J’ai discrètement caché ma vieille paire de pantoufles. Personne ne me faisait plus de réflexion. Mon rêve allait-il enfin se réaliser : vivre pieds nus ou en chaussettes ? À Noël, on peut rêver, non ?

Pour le réveillon, on a reçu la famille. Je me suis bien habillé et j’ai mis mes chaussures, les belles, celles qui me font un peu mal aux pieds. Tout le monde m’a fait des compliments, et j’ai passé une soirée formidable à dire des blagues avec mon cousin Jean. On a même goûté au champagne !

Enfin, au moment d’aller se coucher, Maman a dit, d’un air innocent que je ne lui connaissais pas :

— Au fait, Maxence, va mettre tes pantoufles devant la cheminée, sinon le Père Noël ne pourra pas te laisser de cadeaux.

Holà ! Là, ce n’était pas drôle du tout. J’ai filé dans ma chambre, j’ai cherché sous mon oreiller, au dessus de mon placard, dans mon tiroir à chaussettes : rien ! Pas l’ombre du bout de la queue d’une pantoufle ! Malédiction !

J’ai rejoint les parents, tout essoufflé et un peu paniqué. Eux, ils avaient l’air très calme.

— Je suis désolé… (pour une fois, c’était vrai !) Je ne les trouve pas ! Je vais mettre mes chaussures devant la cheminée, ça sera pareil pour le Père Noël !

Maman a froncé les sourcils et elle a regardé Papa :

— Hmmmmm… Tu crois que le Père Noël met des cadeaux dans les chaussures, Louis ?

— Ça m’étonnerait, a dit Papa. Évidemment, tu peux toujours essayer, Maxence, mais tu risques de retrouver tes chaussures vides demain matin. Pourquoi ne pas continuer à chercher tes pantoufles ?

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