La Grande Grève by Charles Malato

La Grande Grève by Charles Malato

Auteur:Charles Malato [Charles Malato]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Librairie des Publications populaires
Publié: 1905-02-15T00:00:00+00:00


XX

SUR LA ROUTE DE GÊNAC

Pendant que les passions ennemies couvaient dans Mersey, prêtes à exploser furieusement à la première occasion, Albert Détras s’éloignait de la petite ville.

Il avait passé une nuit à l’auberge Chenet, revivant là tous ses souvenirs, et le lendemain, au petit jour il s’était mis en route dans la direction de Gênac.

Les paroles de Justin : « J’ai rencontré, il n’y a pas huit mois, sur la route de Gênac un bonhomme ressemblant bougrement à Panuel, et qui accompagnait une petite écolière de l’âge de Berthe », ces paroles, qui l’avaient fait revivre au moment même où il désespérait, lui bourdonnaient continuellement dans la tête.

« Sur la route de Gênac ! » Il eût voulu amener le petit-fils de la mère Bichu à préciser, mais il se retint. Ses questions eussent pu intriguer le jeune homme et, avant tout, il importait de n’éveiller les soupçons de personne.

D’ailleurs, il n’y avait que dix lieues de Mersey à Gênac. Détras se chargeait bien de ne pas laisser un pouce de terrain inexploré sur ce parcours jusqu’à ce qu’il eût retrouvé ceux qu’il cherchait.

Il était impossible que trois personnes vivant ensemble dans la contrée pussent échapper à sa recherche.

Puis il possédait cette indication : « une petite écolière ». Détras n’avait qu’à diriger son exploration vers tous les établissements scolaires du pays. Cela demanderait peut-être du temps et surtout de la circonspection pour ne pas se faire remarquer, mais à la fin il arriverait.

Si Geneviève et Panuel, en butte aux calomnies perfides et lâches, avaient quitté Mersey, c’était vraisemblablement pour se mettre hors de portée des malveillants. Ils devaient donc habiter maintenant à bonne distance de la petite ville, sans doute plus près de Gênac que de Mersey.

Détras résolut de suivre d’abord la route de Mersey à Gênac en explorant les communes et les hameaux situés à l’ouest de cette route, puis de revenir de Gênac à Mersey, en opérant les mêmes recherches à l’est.

Rapidement, il franchit le bois de Varne, longea celui de Faillan et, après avoir traversé quelques hameaux isolés, se dirigea sur Véran.

Le village n’avait guère changé d’aspect depuis le jour où Céleste s’était enfuie de la ferme de Pierre Mayré ; mais, à côté de ce bâtiment, s’élevait maintenant un petit cabaret, un bouchon aux murs lie de vin et aux volets verts.

Au-dessus de la porte s’étalait une enseigne portant en lettres blanches :

Vins et liqueur. On serre à mangé.

Cette invitation, rédigée par un peintre partisan de la réforme de l’orthographe, fit réfléchir Détras. Il était près de midi ; peut-être, en se reposant et cassant une croûte, pourrait-il se renseigner sur le sujet qui le tenait tant à cœur.

Il entra. Une femme hommasse, paraissant à peu près la quarantaine, si tant est qu’on eût pu mettre un âge sur sa figure criblée de taches de rousseur et entourée de cheveux ébouriffés, se leva du comptoir où elle tricotait et vint à lui.

— Qu’est-ce qu’il faut vous servir ? demanda-t-elle.

C’était la Martine qui, maintenant, ne portait plus son nom.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.