La gloire n'est plus de ce temps: La trilogie du Caucase 3 (French Edition) by Julia Latynina

La gloire n'est plus de ce temps: La trilogie du Caucase 3 (French Edition) by Julia Latynina

Auteur:Julia Latynina [Latynina, Julia]
La langue: eng
Format: epub
Éditeur: Éditions Actes Sud
Publié: 2013-10-01T22:00:00+00:00


Peu de gens savaient que la vie privée de Djamaluddin Kemirov laissait à désirer.

Il épousa sa première femme en Abkhazie. Jeanna lui donna quatre enfants, passant avec lui les années les plus aventureuses de sa vie à une époque où il n’était pas encore le frère cadet du président mais un simple lascar à la gâchette facile et aux poings robustes. Elle devait alors cacher son arme à chaque perquisition, soudoyer les flics ou regarder Patrouille en suspendant son souffle, une émission qui relatait les drames de la route et faisait état des règlements de comptes interethniques entre les différents gangs de Moscou.

Aussi Jeanna fut-elle heureuse de revenir dans la république d’Avarie, bien que sa joie fût de courte durée. Du jour où Djamaluddin Kemirov vit la fille de son vieux compagnon d’armes Arzo, alors âgée de quatorze ans, il s’en éprit éperdument. Naturellement, personne ne la chassa, d’autant que si Djamal avait une épouse légitime, c’était bien elle, Jeanna l’Abkhaze (le mariage avait été célébré dans la capitale de la république non reconnue d’Abkhazie, et transcrit dans son passeport périmé), mais après que Madina, la fille d’Arzo, eut enfanté un deuxième fils, Jeanna s’en retourna discrètement chez elle à Soukhoumi.

Madina mit au monde trois fils : Amirkhan, Maga et Zya. À l’époque des faits dont nous parlons, elle n’avait que vingt-quatre ans. Toujours aussi belle et svelte, souple, véloce, aussi chétive qu’une statuette avec son menton un peu lourd et ses immenses yeux noirs qui ne souriaient jamais depuis la mort de son père.

Madina ne dit rien à son mari le jour où il revint de La Pente Rouge et jamais Djamaluddin ne se sentit coupable mais une fois, trois mois plus tard, il surprit Amirkhan en train de jouer dans la cour avec un pm déchargé, et maugréant d’une voix plutôt forte.

— Qu’est-ce que tu dis ? demanda Djamal.

— Que quand je serai grand, je punirai les tueurs de mon grand-père !

— Et qui t’a appris à dire ça ?

— Maman.

Djamaluddin embrassa son fils et passa dans la cuisine pour parler à Madina qui travaillait la pâte avec ses mains, vêtue d’une robe de deuil, les doigts dans la farine. La jeune femme fit face, un long couteau de cuisine serré dans sa main.

Djamaluddin la regarda muettement et Madina aussi, le soleil d’été brasillant dans ses lourds cheveux bleu-noir tenus par un foulard noir. Campé devant elle, il ne disait mot. Elle non plus ne parlait pas. Il se passa ainsi deux ou trois minutes.

— C’est déjà beau que je ne touche pas à tes frères, dit Djamaluddin qui tourna les talons et sortit.

Dès lors il s’installa dans la résidence encore en chantier de Torbi-Kala, Madina restant à Bechtoï.

Jeune mâle à l’énergie débordante, Djamaluddin possédait un tempérament de cet acabit. Ses amis voyaient combien il languissait après Madina. Hagen, grand amateur de beau sexe, essaya bien de le divertir d’une façon classique, mais Djamal lui dit que ce n’était pas la peine d’avoir tant jeûné pour tout griller d’un coup en une seule nuit passée avec une prostituée, et l’on en resta là.



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