La formule de verre by Meyer Kai

La formule de verre by Meyer Kai

Auteur:Meyer, Kai [Meyer, Kai]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse


7

L’enlèvement

— Ils ne sont plus là, dit Junipa.

— Quoi ?

— Ils ne sont plus dans la cachette.

Les yeux de Junipa transperçaient le voile argenté du monde des miroirs et voyaient à l’intérieur de l’Œil de fer, dans la pièce où elles avaient abandonné leurs compagnons.

— Il n’y a plus personne, dit-elle tristement.

— Où sont-ils partis ?

— Je ne sais pas. Il faut que je les cherche.

Merle pestait de ne pas pouvoir regarder elle-même à travers les miroirs. Elle percevait bien des formes et des couleurs, mais rien de distinct. Elle n’aurait même pas été capable de dire derrière quel miroir se trouvait la cachette.

— Il y a eu... un combat, dit Junipa. Les sphinx les ont découverts.

— Oh non !

— Trois hommes gisent au sol... trois espions. Ils sont morts. Les autres ne sont plus là.

— Et Vermithrax ?

— Je ne le vois pas.

— Pourtant, il ne passe normalement pas inaperçu !

Junipa tourna la tête et dit d’une voix irritée, peut-être pour la première fois depuis que Merle avait fait sa connaissance :

— Mais enfin, sois un peu patiente ! Il faut que je me concentre.

Merle se mordit la lèvre et se tut. Ses genoux tremblaient.

Junipa lâcha sa main et regarda autour d’elle en tournant au milieu des miroirs.

— L’Œil de fer est tellement grand. Il y a trop de miroirs. Ils peuvent être n’importe où.

— Dans ce cas, ramène-moi dans la cachette.

— Tu es sûre ? Ça pourrait être dangereux.

— Je veux le voir de mes propres yeux. Sinon, tout est tellement... irréel.

Junipa acquiesça.

— Reste tout près de moi. Juste au cas où nous devrions nous enfuir à nouveau.

Elle saisit de nouveau Merle par la main, murmura la formule de verre et traversa avec elle le miroir comme s’il s’agissait d’un rideau de lumière lunaire.

La porte de la pièce avait été fracassée et des centaines d’éclats de miroirs jonchaient le sol comme des lames de rasoir. Les miroirs des murs étaient eux aussi fissurés à de nombreux endroits. À droite des deux adolescentes, le mur était complètement défoncé, et il ne leur fallut que quelques secondes pour comprendre que c’était le chemin qu’avait emprunté Vermithrax pour fuir les sphinx. Le mur en pierre ressemblait à une gueule ouverte à moitié édentée.

— Ils devaient être nombreux, dit Junipa d’un air pensif. Sinon, Vermithrax ne serait pas parti en courant. Il est beaucoup plus fort qu’eux.

Merle s’accroupit à côté des trois corps. Elle comprit rapidement qu’elle ne pouvait plus rien faire pour les hommes du tsar. Andreï ne se trouvait pas parmi eux. Merle se rappela le cinquième espion, un homme aux cheveux roux bâti comme une armoire et qui avait une allure grotesque dans son déguisement de momie ; lui aussi manquait.

— Merle !

Elle leva les yeux, tout d’abord vers Junipa qui avait lancé ce cri d’effroi, puis vers la porte.

Un sphinx fonçait sur elle à une vitesse hypnotisante. Cette vision la pétrifia. Heureusement, Junipa était déjà arrivée à son niveau : elle l’empoigna, prononça la formule de verre et se rua à travers le premier miroir venu.



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