La fille à l'oeil de poupée by Yukito Ayatsuji

La fille à l'oeil de poupée by Yukito Ayatsuji

Auteur:Yukito Ayatsuji [Ayatsuji, Yukito]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
ISBN: 9782811626402
Éditeur: Pika Roman
Publié: 2016-06-07T22:00:00+00:00


2.

Le mémorial Sakitani, au coeur de la fôret au pied de la montagne, était en fait une bâtisse de style occidental, mais dégageait une atmosphère assez classique, contrairement à ce que j'avais imaginé.

Un certain M. Sakitani, notable influent de la commune et ancien élève de Yomi-Nord, l'avait fait bâtir à l'origine comme un immeuble de sa propre entreprise. Il y a un certain nombre d'années, il en avait fait don au collège, qui l'avait rebaptisé mémorial Sakitani, en l'honneur du généreux donateur.

– À vrai dire, le collège est plutôt embarrassé avec cette propriété, m'avait expliqué M. Chibiki. Les coûts de maintenance du bâtiment sont loin d'être négligeables, alors que ces dernières années la propriété est quasiment inutilisée. Et comme il s'agit d'un don, on ne peut tout de même pas la mettre en vente...

Au début, les volontaires pour participer au camp d'été s'étaient comptés sur les doigts de la main.

C'était prévisible. Mlle Mikami avait eu beau nous dire que ce camp représentait un module important pour le projet pédagogique de cette année, il était assez normal que les élèves rechignent à y participer. Dans la mesure où on ne pouvait pas s'échapper de la ville, il était préférable de rester tranquillement enfermé chez soi, c'est ce que devaient penser bon nombre d'élèves.

Et pourtant... un hikikomori comme Atsushi Ogura, qui pour le coup ne sortait jamais de chez lui, était mort lui aussi le dernier jour du mois. On n'était donc en sécurité nulle part, même pas dans sa chambre. Quand les autres ont compris que ça ne servait à rien de rester chez eux, ils ont commencé à changer d'avis sur le camp. Et puisque dans le même temps la rumeur commençait à se répandre qu'il y avait une possibilité de sauver tout le monde en y participant, plusieurs élèves ont contacté la prof même après la date limite d'inscription, pour dire qu'en fin de compte ils viendraient.

Avec ces participants de dernière minute, le nombre des élèves est monté jusqu'à quatorze au total. Neuf garçon et cinq filles, soit un taux de participation global de cinquante pour cent. Quinze personnes en comptant Mlle Mikami, qui serait notre accompagnatrice. Quinze membres de la classe qui allaient passer trois jours et deux nuits au mémorial Sakitani...

Nous nous étions tous retrouvés d'abord devant le portail du collège.

– Demain, nous monterons tous ensemble sur le mont Yomi prier au sanctuaire Yomiyama pour le salut de la classe entière, a annoncé Mlle Mikami.

Les réactions ont été diverses et variées, mais personnellement, j'ai trouvé que sa voix n'était pas très assurée.

Et je suis presque sûr que Teshigawara et Mochizuki ont pensé comme moi. Mei aussi, probablement.

Il y a quinze ans, aux mêmes dates, un camp identique avait été organisé par la classe. Moi, je savais déjà quel avait été le résultat. Et je savais que Mlle Mikami aussi était au courant, qu'elle savait que sur le chemin de retour du sanctuaire deux élèves de plus avaient trouvé la mort.

Dans ces conditions, il était naturel que même elle connaisse un instant d'hésitation.



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