La Fièvre, et autres nouvelles by Sandor Jaszberenyi

La Fièvre, et autres nouvelles by Sandor Jaszberenyi

Auteur:Sandor Jaszberenyi [Jaszberenyi, Sandor]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782375610435
Google: fe-KDwAAQBAJ
Éditeur: Mirobole
Publié: 2019-02-05T23:00:00+00:00


Rachel sortit de l’avion, plissa les yeux, aveuglée par le soleil. Elle portait un jean et un chemisier blanc qui, en l’espace de quelques minutes, se couvrit de taches de sueur. Elle descendit la passerelle, traversa la piste avec les autres passagers pour rejoindre l’aéroport. Après avoir accompli les formalités obligatoires, elle traversa le hall dont les murs verdâtres faisaient penser à une gare de province. Elle ne se sentait pas bien, depuis deux semaines elle prenait du Lariam contre la malaria. Elle avait passé un long moment dans sa salle de bains, à lire et relire la liste des éventuels effets secondaires, puis avait finalement décidé de suivre le traitement, et d’ignorer les rumeurs concernant des soldats devenus fous à cause de ce médicament et qui, de retour d’Irak, avaient, dans le pire des cas, tué leur femme, et dans le meilleur des cas, s’étaient tiré une balle dans la tête. Elle traversa le hall, donc, en évitant les regards brillants des échangeurs de devises au marché noir. Une fois dehors, elle rabroua deux chauffeurs de taxi qui tentèrent de lui prendre de force son sac à dos, et aperçut Maros.

Il lui serra la main, lui proposa de porter son sac, ce qu’elle refusa catégoriquement. Elle s’acheta une bouteille d’eau dans l’espoir de calmer son mal de tête. Il lui demanda si elle souhaitait prendre une journée pour s’acclimater, mais là encore elle répondit par la négative. Elle voulait partir pour Abéché le jour même, si bien qu’ils retournèrent ensemble dans le hall et firent enregistrer leurs bagages. Sur le tarmac stationnait un petit bimoteur, avec, sur la carlingue, d’immenses lettres bleues indiquant « ONU ».

Les deux pilotes étaient blonds, d’âge moyen, et parlaient avec un accent sud-africain. Les autres passagers étaient noirs. Rachel prit place à côté de Maros et boucla sa ceinture de sécurité.

« C’est vous qui vous rendez dans le camp de réfugiés ? demanda le copilote alors que l’avion filait sur la piste de décollage.

— Oui, répondit Maros dont la voix eut du mal à couvrir le bruit des turbines.

— Ça bouge pas mal là-bas en ce moment, hurla le pilote, et il sourit tandis que l’avion prenait son envol.

— C’est pourtant calme, dit Maros en regardant Rachel. Le calme africain. »

Rachel regarda l’homme et tenta d’imprimer un sourire sur son visage, en vain. Son mal de tête était tel qu’elle ne voyait quasiment plus rien. Elle serra les dents. Aux questions posées par Maros – où avait-elle fait ses études ? était-elle déjà allée en Afrique ? –, elle donna des réponses lapidaires, et n’engagea aucune conversation durant le voyage. Au bout de deux heures et demie de vol, ils aperçurent l’aéroport militaire d’Abéché. Ils atterrirent, tandis qu’un Mirage de la Légion étrangère décollait.

Une Jeep les attendait à l’aéroport. Une fois installés, ils prirent aussitôt le départ, en direction de la base de l’ONU. La terre jaune orangé de la route crissait sous les roues de la Jeep alors qu’ils longeaient les petites maisons blanchies à la chaux.



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