La disparition de Ti-Khuan by Anne Bernard-Lenoir

La disparition de Ti-Khuan by Anne Bernard-Lenoir

Auteur:Anne Bernard-Lenoir
La langue: fra
Format: epub
Tags: Pacific Express tome 2
Éditeur: La Courte éChelle
Publié: 2011-04-21T00:00:00+00:00


Chapitre 9

Sunny Face

Le lendemain matin, je repris le chemin du chantier de construction en compagnie de Wednesday. J’avais encore mal aux fesses à cause de la randonnée à cheval de la veille.

J’avais décidé d’écouter Bobcat et de ne plus m’en faire à propos de Ti-Khuan. Je souhaitais que mon ami retrouve vite sa belle humeur. Il avait dû ressentir une peur effroyable dans la forêt… Un jour viendrait où il me raconterait son histoire.

Ce matin-là, j’étais aussi fier qu’un paon. Je portais mes nouvelles bretelles et un modèle à ma taille du maillot rouge exposé dans la vitrine du magasin général de Laggan, où j’avais effectué mes achats la veille. Après avoir essuyé les compliments et les commentaires jaloux de mes collègues, qui me virent arriver sur le chantier vêtu de mes beaux habits neufs, je me mis au travail. J’attelai le bac en bois à Wednesday, et nous partîmes pour notre premier voyage entre la colline dont les ouvriers aplanissaient la surface et le fossé où la terre et la roche des remblais devaient être déversées.

Mes journées de labeur commençaient rarement avant neuf heures et demie et se terminaient autour de seize heures ; elles étaient moins longues que celles des autres ouvriers. J’étais très jeune et n’avais pas leur endurance, même si j’étais beaucoup plus musclé que la plupart des garçons de mon âge. Puissant et patient, Wednesday travaillait fort et me facilitait la tâche. C’était d’ailleurs grâce à lui que Bobby me payait comme les autres. Je possédais un cheval sur lequel il pouvait compter, ce qui n’était pas le cas de la majorité des ouvriers. La compagnie Canadian Pacific Railway avait besoin de chaque homme si elle souhaitait enfin voir le chemin de fer traverser le pays d’un océan à l’autre !

Nous déplaçâmes des kilogrammes de terre et de caillasse dans notre bac, puis vint le temps de la pause du repas du midi. On nous servit du bœuf salé, du pain, des galettes de gruau aux pommes et du thé. Je mangeais toujours rapidement afin de profiter de quelques minutes pour aller au bord de la rivière avec Wednesday ou pour affûter mon canif. Ce jour-là, cependant, je restai avec les autres sous les arbres de la forêt, à l’ombre des chauds rayons du soleil. Un coup de sifflet annonça la reprise du travail, et chacun retourna à son poste. J’étais en train de remplir le bac en bois d’une première pelletée de débris lorsqu’on hurla.

— Un homme dans la rivière !

Les ouvriers lâchèrent pelles, pioches, piolets et pics et se précipitèrent au bord de l’eau, où se tenait l’individu qui venait d’alerter tout le monde. Sans réfléchir, je posai mon outil et suivis les autres. Je franchis en courant la centaine de mètres qui me séparaient du lieu de la découverte macabre et parvins à me frayer un chemin parmi les corps robustes qui s’agglutinaient sur les rives de la Bow.

Je vis le corps de l’homme flotter parmi les roseaux. Il était de race chinoise, assez vieux, et vêtu d’un pantalon et d’une veste en toile brune.



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