La dame du manoir de Wildfell Hall by Brontë

Auteur:Brontë
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Archipoche
Publié: 2012-09-30T16:00:00+00:00

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Ces quatre mois furent très durs pour moi, j’étais partagée entre une intense anxiété, le désespoir, l’indignation, la pitié, pour lui et pour moi. Pourtant, j’avais un puissant réconfort : mon petit enfant chéri, petit être inoffensif et sans péché, mais même cette consolation était mitigée, car je me demandais sans cesse: « Comment pourrais-je lui apprendre à respecter son père tout en lui apprenant à ne pas suivre son exemple?»

Je me souvins que, d’une façon, j’avais attiré sur moi toutes ces afflictions, et je décidai de les supporter sans me plaindre. Je résolus de ne pas porter les péchés d’un autre et de me distraire autant que possible. À côté de la compagnie de mon enfant, j’avais celle de la fidèle Rachel, qui devinait sans doute ma tristesse et la partageait, mais était trop discrète pour en parler; j’avais aussi mes livres et mon crayon, mes obligations domestiques, le bien-être et le confort des fermiers pauvres d’Arthur à assurer. Je trouvais parfois grand plaisir en la compagnie de ma jeune amie Esther Hargrave : je lui rendais visite de temps à autre, à cheval, ou bien elle venait passer la journée au manoir. Mrs Hargrave ne se rendit pas à Londres au cours de la saison mondaine ; comme elle n’avait pas de fille à marier, elle préféra rester chez elle à faire des économies et, par miracle, Walter rentra au début de juin et resta avec elle jusqu’aux derniers jours d’août.

Je le vis pour la première fois un soir d’été, je folâtrais dans le parc en compagnie du petit Arthur et de Rachel, qui cumule les charges de gouvernante et de femme de chambre. Comme je mène une vie assez retirée et que d’autre part je suis très active, elle ne doit guère s’occuper de moi ; comme elle m’a élevée et désire ardemment s’occuper de mon fils, je lui adjoignis une jeune fille pour l’aider; cela m’épargna la grande dépense d’une gouvernante, car depuis que je m’occupais des affaires financières d’Arthur, je savais ce que ce mot veut dire; j’avais, de mon propre chef, consacré la plus grande part de mes revenus à la liquidation de ses dettes ; la somme d’argent qu’il parvient à gaspiller lorsqu’il se rend à Londres est inconcevable. Mais revenons-en à Mr Hargrave: j’étais debout avec Rachel, au bord de l’eau; elle portait le petit Arthur, que je faisais rire en le chatouillant avec une branchette de saule couverte de châtons dorés, lorsque, à ma grande surprise, il entra dans le parc et traversa la pelouse, monté sur son superbe hunter. Il m’adressa un compliment fort joliment tourné, qu’il avait sans doute composé tout en se promenant. Il me dit apporter un message de sa mère qui, sachant qu’il passerait près du manoir, l’avait chargé de m’inviter à un petit dîner amical pour le lendemain.

— Vous ne rencontrerez personne d’autre que nous, dit-il, Esther désire vivement vous voir; ma mère craint que vous ne souffriez de la solitude, toute seule dans cette

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