La corde au cou by Émile Gaboriau

La corde au cou by Émile Gaboriau

Auteur:Émile Gaboriau
Format: epub


15

Pendant ce temps, rue de la Rampe, l’anxiété était affreuse.

Dès huit heures du matin, tantes Lavarande et la marquise de Boiscoran, M. de Chandoré et maître Folgat étaient venus s’établir au salon et y attendre le résultat de l’entrevue.

Mlle Denise ne descendit que plus tard, et son grand-père ne put s’empêcher de remarquer qu’elle s’était préoccupée de sa toilette.

– N’allons-nous pas revoir Jacques ! répondit-elle avec un sourire où éclataient la confiance et la joie.

C’est qu’en effet elle était bien persuadée qu’il devait suffire d’un mot de Jacques à son avocat pour confondre la prévention, et qu’il allait reparaître triomphant au bras de maître Magloire.

Les autres ne partageaient pas ces espérances. Tantes Lavarande, plus jaunes que leurs vieilles dentelles, se tenaient immobiles dans un coin, Mme de Boiscoran dévorait ses larmes, et maître Folgat faisait son possible pour paraître absorbé dans la contemplation d’un recueil de gravures. Moins maître de soi, grand-père Chandoré arpentait le salon, les mains derrière le dos, répétant toutes les dix minutes :

– C’est incroyable comme le temps semble long quand on attend !

À dix heures, pas de nouvelles.

– Maître Magloire aurait-il donc oublié sa promesse ? dit Mlle Denise que l’inquiétude gagnait.

– Non, il ne l’a pas oubliée, dit un nouvel arrivant.

C’était l’excellent M. Séneschal qui, en effet, une heure plus tôt, avait croisé maître Magloire rue Nationale, et qui venait aux informations, un peu pour lui, ajoutait-il, mais beaucoup pour Mme Séneschal qui, depuis vingt-quatre heures, était malade d’anxiété.

Onze heures sonnèrent. La marquise de Boiscoran se leva.

– Je ne saurais, dit-elle, supporter une minute de plus cette mortelle incertitude ; je vais à la prison.

– Et je vous y accompagne, chère mère, déclara Mlle Denise.

Mais une telle démarche n’était guère raisonnable. M. de Chandoré la combattit, soutenu par M. Séneschal et par maître Folgat.

– On peut, du moins, envoyer quelqu’un, proposèrent timidement les tantes Lavarande.

– C’est une idée, approuva M. de Chandoré.

Il sonna, et ce fut le vieil Antoine qui accourut à l’appel de la sonnette, le vieil Antoine qui, depuis la veille, sachant la fin de l’instruction, était venu s’établir à Sauveterre.

Dès qu’on lui eut expliqué ce qu’on attendait de lui :

– Avant une demi-heure je serai de retour, dit-il.

Et c’est en effet au pas de course qu’il descendit la rue de la Rampe, qu’il suivit la rue Nationale et remonta la rue du Château.

En le voyant paraître, M. Blangin, le geôlier, devint tout pâle. M. Blangin ne dormait plus depuis qu’il avait reçu de Mlle Denise dix-sept mille francs en or... Lui, l’ami des gendarmes autrefois, il frissonnait maintenant lorsqu’il voyait le brigadier entrer dans sa geôle. Ce n’est pas qu’il eût des remords d’avoir trahi son devoir, non, c’est qu’il tremblait d’être découvert. Déjà, à plus de dix reprises, il avait changé de place le bas de laine qui renfermait son trésor ; mais en quelque endroit qu’il l’enfouît, il lui semblait toujours que les regards de ses visiteurs s’arrêtaient obstinément sur sa cachette.

Il se rassura, cependant, lorsque Antoine lui eut



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