La Confidence des Ruggieri by Honoré de Balzac

La Confidence des Ruggieri by Honoré de Balzac

Auteur:Honoré de Balzac [Balzac, Honoré de]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-03-10T20:01:25+00:00


donnez-moi la clarté de votre regard pour pénétrer le cœur de ma mère en inter-rogeant les Ruggieri.

La petite maison où demeurait la dame de Belleville et où Charles IX avait dé-

posé ses prisonniers, était l’avant-dernière dans la rue de l’Autruche, du côté de la rue Saint-Honoré. La porte de la rue, que flanquaient deux petits pavillons en briques, semblait fort simple dans un temps où les portes et leurs accessoires étaient si curieusement traités. Elle se composait de deux pilastres en pierre taillée en pointe de diamant, et le cintre représentait une femme couchée qui tenait une corne d’abondance. La porte, garnie de ferrures énormes, avait, à hauteur d’oeil, un guichet pour examiner les gens qui demandaient à entrer. Chacun des pavillons logeait un concierge. Le plaisir extrêmement capricieux du roi Charles exigeait un concierge jour et nuit. La maison avait une petite cour pavée à la vénitienne. A cette époque où les voitures n’étaient pas inventées, les dames allaient à cheval ou en litière, et les cours pouvaient être magnifiques, sans que les chevaux ou les voitures les gâtassent. Il faut sans cesse penser à cette circonstance pour s’expliquer l’étroitesse des rues, le peu de largeur des cours, et certains détails des habitations du quinzième siècle.

La maison, élevée d’un étage au-dessus du rez-de-chaussée, était couronnée par une frise sculptée, sur laquelle s’appuyait un toit à quatre pans, dont le som-met formait une plate-forme. Ce toit était percé de lucarnes ornées de tympans et de chambranles que le ciseau de quelque grand artiste avait dentelés et couverts d’arabesques. Chacune des trois croisées du premier étage se recommandait également par ses broderies de pierre, que la brique des murs faisait ressortir. Au rez-de-chaussée, un double perron décoré fort délicatement, et dont la tribune se distinguait par un lacs [Coquille du Furne : lac.] d’amour, menait à une porte d’en-trée en bossages taillés à la vénitienne en pointe de diamant, système de décors qui se trouvait dans la croisée droite et dans celle de gauche.

Un jardin distribué planté à la mode de ce temps, et où abondaient les fleurs rares, occupait derrière la maison un espace égal en étendue à celui de la cour. Une vigne tapissait les murailles. Au milieu d’un gazon s’élevait un pin argenté. Les plates-bandes étaient séparées de ce gazon par des allées sinueuses menant à un petit bosquet d’ifs taillés qui se trouvait au fond. Les murs revêtus de mosaïques composées de différents cailloux assortis, offraient à l’oeil des dessins grossiers, il est vrai, mais qui plaisaient par la richesse des couleurs en harmonie avec celles des fleurs. La façade du jardin, semblable à celle de la cour, offrait comme elle un joli balcon travaillé qui surmontait la porte et embellissait la croisée du milieu.

Sur le jardin comme sur la cour, les ornements de cette maîtresse croisée, avancée 29



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