La belle scandaleuse by Cabot patricia

Auteur:Cabot, patricia [Cabot, patricia]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romance
Publié: 2011-08-19T04:08:21+00:00

CHAPITRE 17

Pelotonnée dans l’encoignure de la voiture, Isabel déclara d’un ton rêveur :

— Geoffrey a dit qu’il avait quelque chose à me demander.

Assise en face d’elle, Kate ne répondit pas. Son esprit était ailleurs.

— Vous m’entendez, mademoiselle Mayhew ? J’ai dit que Geoffrey avait quelque chose à me demander.

— M. Saunders, corrigea machinalement Kate. Il est vulgaire de désigner un jeune homme par son prénom, à moins qu’il ne soit de la famille.

— D’accord. M. Saunders a quelque chose à me demander.

— Bon, commença Kate, s’efforçant de cacher à la jeune fille combien elle était préoccupée. Mais pourquoi ne vous l’a-t-il pas demandé ce soir, si c’est si important ? Il en avait l’occasion. Vous avez dansé je ne sais combien de fois avec lui.

— Quatre fois.

— C’est bien ce que je disais. Il en a eu l’occasion plus d’une fois. Je ne peux m’empêcher de penser que l’intelligence du jeune M. Saunders est un peu limitée.

Isabel ne s’offensa nullement de cette remarque.

— Je suppose qu’il ne me l’a pas demandé ce soir, parce qu’il préfère une atmosphère plus romantique que le bal de lady Tetmiller, mademoiselle Mayhew.

À nouveau, Kate ne répondit pas tout de suite. Elle ne cessait de penser à un événement qui s’était produit juste avant qu’elles quittent le bal. Alors qu’il n’avait plus reparu depuis que lord Wingate l’avait menacé, Daniel Craven avait surgi de derrière une colonne et avait saisi son poignet pour l’attirer à l’abri des regards :

— Katie ? s’était-il enquis, l’air inquiet. Tout va bien ? D’après l’attitude de lord Wingate, j’ai eu l’impression que… peut-être…

Cette fois, elle ne s’était pas laissé déconcerter par sa brusque apparition.

— Je vais très bien, monsieur Craven. J’aimerais seulement que…

— M. Craven ? s’était-il récrié en lui prenant la main. Je me souviens d’une époque où j’étais Daniel.

Regardant leurs mains jointes, elle avait répliqué :

— Je m’en souviens aussi, monsieur Craven, mais c’était il y a longtemps. Avant l’incendie, si ma mémoire est bonne…

— Ce maudit incendie ! avait-il explosé. Comment peut-il avoir changé les choses, au point que vous n’ayez plus de temps à consacrer à vos vieux amis ?

Elle l’avait considéré avec étonnement.

— Voyons, monsieur Craven, vous devriez savoir que cet incendie a tout changé. Vous étiez là, après tout, non ?

Il avait brusquement lâché ses mains comme s’il venait de se brûler.

— Que voulez-vous dire ? avait-il demandé trop vite, ses yeux pâles fixés sur elle. Je n’étais pas là, Kate. Je n’étais pas…

Elle n’avait pas entendu la suite car Isabel, qui venait de perdre un gant, l’avait appelée.

À présent, elle se demandait avec consternation comment elle avait pu lui parler de sa présence, la nuit de l’incendie. À quoi pensait-elle ? Il n’était pas là. Elle avait rêvé…

— Vous ne trouvez pas, mademoiselle Mayhew, que les bals de lady Tetmiller manquent singulièrement de romantisme ? reprit Isabel.

— De… romantisme ?

Kate se ressaisit tant bien que mal.

— Étant trop vieille pour espérer attirer l’attention d’un homme, je ne me sens guère qualifiée pour répondre à cette question.

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