Kristan Higgins by Kristan Higgins

Kristan Higgins by Kristan Higgins

Auteur:Kristan Higgins
La langue: fra
Format: epub
Tags: Collection HARL.MOSAIC-POCHE
Éditeur: HarperCollins
Publié: 2013-02-15T00:00:00+00:00


16

— Chais pas. Elle avait l’air bien, puis elle s’est mise à tousser et, paf, elle est morte.

Stevie, mal à l’aise en cravate, tire sur son col de chemise. Debout près du cercueil ouvert, nous contemplons la minuscule dépouille de notre grand-tante exposée dans le local des pompes funèbres Werner.

— C’est peut-être un de tes scones.

Je lève un regard horrifié sur mon cousin, la culpabilité m’étreignant déjà l’estomac de ses serres glacées. Je m’enquiers en chuchotant :

— Elle mangeait un scone quand elle s’est mise à tousser ?

— Elle, non. Mais moi, oui. Peut-être qu’elle a respiré une miette, ou un truc comme ça. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que moi, j’y suis pour rien.

— Bien sûr que non, mon chéri, lâche tante Rose en reniflant, tandis qu’elle tapote le bras de son fils.

Elle se mouche avec un surprenant bruit de trompette.

— Mais il est vrai que ces scones étaient terriblement friables, Lucy. La prochaine fois, tu devrais y mettre un peu de crème fraîche.

Iris me lance un regard aigu.

— Boggy s’est étouffée avec un scone ?

— Non ! Boggy ne s’est pas étouffé avec quoi que soit, n’est-ce pas, Stevie ? Tu le sais, tu étais avec elle !

Stevie hausse les épaules, se gratte l’oreille.

— On regardait Matlock. Elle m’a fait remarquer que l’acteur était encore pas mal pour un croulant… Moi, je mangeais mon scone. Alors, elle s’est mise à tousser et…

Stevie mime la suite : yeux écarquillés, langue pendante.

— … raide morte. J’ai même pensé à lui donner un scone. Ça l’avait bien ramenée la première fois, hein, Luce ?

— Tu ne lui en as pas donné un, tout de même ?

Mon esprit répugne à l’idée que mon cousin, mû par une logique tordue, ait pu fourrer un scone dans la bouche de notre tante cacochyme dans sa volonté de la ressusciter. Néanmoins, son QI avoisinant celui d’un poulet, tout est possible.

Il proteste :

— Bien sûr que non, Luce ! Je ne suis pas débile. Mais c’est toi qui as dit que tes scones l’avaient ramenée à la vie.

— C’était une hallucination de ma part, Stevie.

— Vous allez arrêter de vous chamailler, tous les deux ? gronde Iris. Vous gâchez cette adorable veillée.

Je ferme les yeux. Le parfum entêtant des lis me donne la migraine, sans parler de la sirupeuse musique d’orgue qui dégouline en fond sonore. Personnellement, j’aurais opté pour les Concertos brandebourgeois, les Smashing Pumpkins ou n’importe quoi d’autre. Mais tout sauf On Eagle’s Wings.

Ma mère s’approche, très animée, dans son habituel nuage de Chanel N°5. On dirait Audrey Hepburn : robe de soie noire ornée d’un large nœud à la taille et talons aiguilles Manolo Blahnik, noirs, à lanières, suggérant qu’à l’occasion ses pieds ne détestent pas s’adonner au bondage.

— Tu es divine, s’exclame-t-elle en me touchant l’épaule.

Oui, je porte une jupe, un pull, des chaussures convenables (des escarpins Nine West, rien de bien extravagant… Contrairement à maman, je trouve déplacé de profiter de la veillée du corps de Boggy pour exhiber mes talons hauts de dévergondée).



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