Kick Lannigan, Tome 1 : Pourquoi moi by Chelsea Cain

Auteur:Chelsea Cain [Cain, Chelsea]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2016-05-12T22:00:00+00:00

17.

La prison centrale de l’Oregon était entourée par des miradors et un mur de sept mètres de haut surmonté de barbelés. Même si elle avait passé une heure à s’y préparer, ils arrivaient trop vite et Kick regretta qu’il n’y ait pas eu d’accident impliquant plusieurs véhicules pour ralentir la circulation sur l’autoroute. La Taurus grise qui les suivait depuis qu’ils avaient quitté Portland disparut quand ils sortirent de l’I-5. Bishop l’avait remarquée lui aussi, elle le savait. Il n’avait cessé de vérifier le rétroviseur. Mais il n’avait rien dit et n’avait pas non plus essayé de la semer.

Elle rangea les menottes dans son sac au moment où ils franchissaient le portail de la prison. Les gardiens semblaient connaître Bishop de vue. Il contourna les bâtiments pour trouver une place où se garer, comme s’il était déjà venu.

Il n’essaya pas de lui faire un petit speech d’encouragement. Il ne lui adressa même pas la parole. Quand il sortit de la voiture, elle lui emboîta le pas. Plus elle se rapprochait de Mel, plus elle se sentait vide à l’intérieur. Comme si elle se dépouillait petit à petit, cellule après cellule, jusqu’à ce qu’il ne reste rien.

Elle était capable de faire ça. Elle pouvait se dissocier d’elle-même.

Trouble réactionnel de l’attachement. C’était ce qu’un de ses premiers psys avait diagnostiqué quand Paula avait déploré le fait que Kick ne lui témoigne pas l’affection escomptée.

Au printemps suivant le retour de Kick, Paula l’avait envoyée dans une clinique du Colorado pour une semaine de thérapie dite du « rebirth ». Chaque jour, deux praticiens attachaient Kick, l’enveloppaient fermement dans des draps puis simulaient des contractions en s’asseyant sur elle jusqu’à ce qu’elle arrive à « sortir de l’utérus ».

Si Kick n’avait pas souffert de trouble de l’attachement avant ça, elle en avait certainement conçu un après.

Des années plus tard, elle avait trouvé le compte rendu de la clinique dans les affaires de sa mère. Ils avaient établi un diagnostic fondé sur douze attitudes, telles que « recherche de réconfort dans les moments de détresse », « réaction lorsque quelqu’un lui offre du réconfort » et « propension à faire confiance à des inconnus ».

— Kick ? dit Bishop.

Elle leva les yeux et vit une gardienne de prison en uniforme bleu la regarder derrière un comptoir. Une cacophonie régnait autour d’eux : des sonneries, le grésillement de talkies-walkies, des allées et venues. Il flottait dans l’air une odeur de béton.

— Reposez-lui la question, dit Bishop à la gardienne.

— Est-ce que vous avez des armes sur vous, mademoiselle ?

Elle considérait Kick avec une expression d’ennui professionnel. Si elle l’avait reconnue, elle ne le montra pas.

Kick ouvrit son sac à main et lui présenta son couteau de survie militaire fixe, son couteau tactique Recon Camo, un pack de trois couteaux de lancer, son Leatherman, un spray au poivre en forme de rouge à lèvres, un sac de shurikens, les menottes et un stylo doté d’une pointe en métal qui pouvait faire office de brise-glace.

— Rien d’autre ? demanda la gardienne.

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