Khéfren et Didoufri - Le Roman des Pyramides - Tome 3 by Guy Rachet

Auteur:Guy Rachet [Rachet, Guy]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman Historique, non lu
Éditeur: Le Livre de Poche
Publié: 2012-09-19T22:00:00+00:00

CHAPITRE XV

— Eh bien, Néférou ! Viens-tu nous entretenir de notre cher beau-fils assis sur le trône d’Horus ?

Hénoutsen était assise dans l’ombre des arbres chevelus du grand jardin de la résidence royale de Memphis, en compagnie de Mérititès et de Néferkaou, lorsque Néfermaât fut introduit par un serviteur après avoir été annoncé par Nekhébou, devenu le commandant de la garde de la seconde épouse royale de Khéops et le directeur du palais des reines.

Il se contenta de sourire et, après avoir salué ses deux sœurs et Hénoutsen, il prit l’initiative de s’affaler sur un siège en s’éventant avec un faisceau de plumes d’autruche serti dans un manche d’or et d’ivoire, qu’il avait pris l’habitude de toujours garder avec lui, ce qui lui servait de chasse-mouches et d’éventail.

— Voilà déjà un mois que nous avons appris que tu as reçu de ses mains les fonctions dévolues à Djedefhor par notre regretté époux, poursuivit Hénoutsen, et depuis tu nous as laissées sans nouvelles, au point que c’est par la rumeur publique que nous avons appris ton retour aux affaires du royaume.

Il y avait plus d’ironie que d’amertume ou de reproche dans le ton d’Hénoutsen, ce qui ne fut pas le cas de celui de Mérititès qui lui dit à son tour :

— Néférou, serait-il donc vrai que tu as pactisé avec l’usurpateur ?

— Mérit, répondit-il d’un ton désinvolte, je n’ai pactisé avec personne, sinon avec ce que je considère comme mon intérêt. Mais Hénoutsen sait bien que, pour l’heure, mon intérêt se confond dans une grande mesure avec le vôtre. Non pas que j’intrigue comme vous contre Didoufri, mais dans mes nouvelles fonctions, j’ai accès aussi bien au Grand Palais qu’à ses propres menées, de sorte que je peux le surveiller et, le cas échéant, parer à tout danger.

— Entends-tu par ces mots que tout en servant le petit roi, tu le trahis ?

— Trahir est un bien grand mot. Disons que je le sers tout en le desservant. Et lui-même est satisfait, même s’il se méfie de moi, car ma présence parmi les grands de sa cour le conforte dans sa légitimité. Cela, d’ailleurs, tout autant que la présence de Minkaf dans la fonction de vizir.

— Mérititès, intervint Hénoutsen, tu sais bien que depuis toujours notre cher Néférou a aimé le jeu et le danger, que les intrigues et les hasardeuses machinations lui sont parues comme le sel de la vie.

— Je vois, Hénoutsen, que tu me connais bien et je suis flatté de ton estime, répliqua Néfermaât.

— Mon bon Néférou, aurais-je laissé supposer par ces mots que j’ai pour toi quelque considération ?

— C’est une évidence. Car je ne vois pas que tu m’aies jamais marqué quelque mépris.

— Je te l’accorde volontiers ; il est vrai, Néférou, que je t’aime bien. Dis-nous alors : viens-tu nous rendre visite pour le plaisir de converser avec tes sœurs ou pour nous rapporter les nouvelles du Grand Palais ?

— Je ne me tromperais pas si je pensais que ce qui t’intéresse avant

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