Juste un rigolo by A. D. G

Juste un rigolo by A. D. G

Auteur:A. D. G. [G., A. D.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 1977-01-26T05:00:00+00:00


IX

— Ça ne vous étonnera pas d’apprendre que nous vous cherchons partout, me dit Carteret d’une voix aussi chaleureuse que la poignée de main d’un iceberg.

J’avais dû patienter trois minutes (sans me nommer) avant de l’avoir au bout du fil. À présent, j’imaginais très bien le lardu transformé en réservé sémaphore, intimant qu’on ait à me localiser.

— Vous n’êtes pas très apercevant, dis-je posément. Il y a une demi-heure, j’étais à mon bureau. Vous me cherchez ?

C’était presque dit dans le sens de « si tu me cherches, bonhomme, tu vas me trouver ». Après tout, j’en avais ma claque, moi, d’être manipulé comme un fantoche, par les uns et par les autres.

— C’est vous qui, le dernier, avez vu M. Edmond Cloche, dit-il sans paraître relever l’insolence du propos.

— Vous rigolez, non, ou vous déraillez ! Vous savez très bien. Commissaire, que « notre » (je fis passer les guillemets dans l’ébonite) Edmond Cloche n’était pas le bon.

— Comment ça, pas le bon ? interrogea-t-il, réellement surpris.

— C’était un faux, dis-je, un frimant, peut-être un théâtreux. Enfin, vous avez tout de même constaté qu’entre le Cloche que vous avez rencontré et celui dont la photo est dans « France-Soir », il y a comme une différence…

— Mais… je ne l’ai pas rencontré, dit-il, il m’a téléphoné à mon bureau et pour plus de sûreté, je l’ai même rappelé à son hôtel. « L’Hostellerie de la Loire » si je ne m’abuse.

— Vous ne vous abusez pas, fis-je avec accablement. Et vous pensez que je suis pour quelque chose dans son enlèvement ?

— Vous en savez un peu plus long que vous ne le dites, en tout cas, affirma-t-il, et il n’avait pas complètement tort, cet homme. Alors vous feriez mieux de venir me voir à mon bureau. D’autant que je vous signale que les gendarmes viennent de passer à la propriété de la Ferté-Imbault où vous étiez censé être pour protéger Mme Meynant…

— Et alors, je n’y étais pas ?

— Cessez vos mauvaises plaisanteries. Votre voiture sans roues, la maison dévastée et des traces de fusillade, ça suffirait pour…

— … les pilleurs de résidences secondaires, le coupai-je. Bonsoir Commissaire et à très bientôt.

Et j’interrompis la communication. À mon humble avis, ils n’avaient pas eu le temps matériel pour repérer d’où venait l’appel. En province, on est moins bien équipé qu’à Paris, c’est ça les avantages de la non-décentralisation.

Brigitte revint avec sa cafetière aux couleurs bonne-femme et l’arôme de son vrai café fleurait bon le parquet ciré de l’enfance et la grosse cuillerée de crème étalée sur des tartines croustillantes. Le bon Siegmaringen Freud, chansonnier danubien (1856-1939) a déjà évoqué ce problème en enfonçant dans le godillot des remembrances sa cocasse corne à chaussures philosophique.

— Et maintenant, qu’allez-vous faire ?

— Dormir, dis-je, et j’espère que vous ne vous exercez pas au pas de danse dit « de Beverly Hill » avant de vous coucher.

— Et lui ? dit-elle en haussant les épaules et en désignant Machin du doigt, ce qui est très compliqué à faire en même temps.



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