Junky by William Burroughs

Junky by William Burroughs

Auteur:William Burroughs
La langue: fra
Format: epub
ISBN: f01e3a306b6d94b76d2e4e8287373e09c24ec2c4
Éditeur: Editions Gallimard
Publié: 2017-03-14T16:00:00+00:00


J’étais donc repris par la came, que je me procurais par l’entremise de Pat. Je cessai de boire, de sortir la nuit, et j’adoptai un rythme de vie routinier : une capsule trois fois par jour et, entre les piqûres, s’arranger pour tuer le temps. En général, je faisais de la peinture et bricolais dans la maison. Le temps passe vite quand on travaille de ses mains. Et, naturellement, je consacrais parfois beaucoup de temps à trouver de la came.

Lorsque j’arrivai à La Nouvelle-Orléans, le principal fourgueur — « l’Homme », comme on dit là-bas — était un type surnommé le Jaune. Il devait son surnom à son teint d’hépatique. C’était un petit homme maigre avec une jambe raide. Il opérait dans un bar près du Syndicat de la Marine et avalait une bière de temps à autre pour justifier ses nombreuses heures de présence dans l’établissement. À cette époque, il était libéré sous caution, et il prit deux ans de prison quand il fut jugé.

Il y eut alors une période extrêmement confuse, au cours de laquelle il devint très difficile de s’approvisionner. Il m’arrivait de passer six ou huit heures au volant de ma voiture, en compagnie de Pat, à la recherche de gens qui pourraient avoir de la came. Finalement, Pat découvrit un grossiste qui vendait ses capsules un dollar cinquante, mais par vingt à la fois. Ce contact s’appelait Joe Brandon, un des seuls fourgueurs que j’aie connus à ne pas en prendre lui-même.

Pat et moi commençâmes à en revendre un petit peu, juste pour subvenir à nos propres besoins. On ne fournissait que des gens que Pat connaissait bien et dont il était sûr. Dupré était notre meilleur client. Il était croupier dans une maison de jeu et avait toujours de l’argent. Mais il était insatiable et ne put s’empêcher de piquer dans la caisse. Un jour, il perdit son boulot.

Don, un ami d’enfance de Pat, était fonctionnaire municipal. Il était inspecteur de quelque chose et s’absentait la moitié du temps pour cause de maladie. Il ne pouvait jamais s’acheter plus d’une capsule à la fois et presque tout l’argent qu’il avait lui venait de sa sœur. Pat me dit qu’il avait un cancer.

— Eh bien, dis-je, j’imagine qu’il ne tardera pas à mourir.

Ce qui arriva. Cloué au lit, il vomit pendant une semaine et mourut.

« Seltzer Willy » avait un camion et livrait de l’eau de Seltz. Cette besogne lui rapportait de quoi s’acheter deux capsules par jour, mais cela ne lui plaisait pas. C’était un petit rouquin, maigre, aux manières affables, le type même du gars inoffensif.

« Il est peureux, disait Pat. Peureux et bête. »

Il y en avait quelques autres qui se pointaient parfois pour s’envaper comme ça, à l’occasion. L’un d’eux s’appelait Whitey — on ne put jamais m’expliquer pourquoi car il avait la peau sombre —, un idiot tout gras qui était garçon dans un grand hôtel. Il se figurait que s’il payait comptant une capsule, ça lui donnait droit à la suivante à crédit.



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