Journal de Travers II by Camus

Journal de Travers II by Camus

Auteur:Camus
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard


Jeudi 28 octobre

Passé la journée au lit, sans travailler. Christian et Michel sont venus à midi et m’ont apporté de quoi déjeuner; et Edward, le soir, de quoi dîner, pour moi et pour Aragon, qui était venu à sept heures et qui est resté jusqu’à onze heures. Lui m’a apporté des éditions originales de La Chasse au Snark [ARC, CAR, ARK, ARCHE, ARK, THE FOUNDATIONS (RONALD (RENAUD, ROLAND, LANDOR, ARNOLD) JOHNSON (L'ARCHITECTE, “MAISON DE VERRE”, CONNECTICUT, SIR RALPH JOHNSON (LA MAISON DE RENDEZ-VOUS))) /// CARROLL, CAROL DE ROUMANIE, MARTINE CAROL, CAROLINE CHÉRIE, LORCA, CHORAL(S) DE BACH, CHARLOTTE BACH, CARLOTTA, CARLO, CARROLL, C.Q.F.D.] dans sa traduction, de La Naissance de la paix, de Descartes [DES CARTES, ARC, CAR, ÉCART, CHTEAU DE LA CARTE (→ (GERMAINE) LUBIN → ISOLDE → TRISTAN → THOMAS MANN → (FRÉDÉRICK) TRISTAN → HOMME SANS NOM)], prose d'Aragon [DAROCA (ARAGON, ARAGON ROMAN)], et de Persécuteur persécuté, que je trouve très mauvais. Il a écrit sur chaque volume, d’une main tremblante, de longues dédicaces qui feront dire méchamment à W. :

«Décidément, où que ce soit, il ne peut parler que de lui... »

Nous avons dîné dans la cuisine, j’étais de bonne humeur, j’allais mieux. Lui jouait les gardes-malades avec beaucoup de gentillesse. Mais plus tard la fatigue m’a repris, et les douleurs d’estomac. J’avais envie qu’il parte et je l’ai peut-être plus ou moins mis à la porte, je ne sais plus; ni de quoi nous avons parlé, ou plutôt de quoi il a parlé, probablement. Il est parti avec un parapluie qui traînait là.

La ligne de téléphone avait été rétablie la veille. W. avait alors téléphoné, je lui avais expliqué ce qui s’était passé, il devait rappeler ce jour-là mais il ne l’a pas fait.

Ah si, je me souviens de ceci, de la conversation d’Aragon. La veille il avait été invité à un grand déjeuner à l’hôtel de Lassay [LASSÉ, LACET(S), FATIGUÉ (SI FATIGUÉ QU’ON NE NOUE PAS SES LACETS) / CELA, CELAN, CEYLAN / SALÉ, C'EST LÀ (HIC EST LOCUS PATRIAE)], chez les Faure, en l’honneur de sa belle-sœur Lili Brik. Il ne voulait pas y aller, il avait trop de travail, il craignait que ça ne le fatigue, il entend mal. Mais Roland Leroy lui avait dit:

« Vas-y : si tu n’y vas pas on croira que c’est nous qui te l’avons interdit... »

Et donc il y était allé, forcé par le Parti qui ne voulait pas qu’on puisse dire, s’il n’y était pas allé, que le Parti l’avait forcé à ne pas y aller – obéissant pour prouver, en somme, qu’il ne recevait d’ordres et d’interdits de personne… Pendant tout le déjeuner il était assis à côté d’une femme dont il n’avait pas compris le nom et dont il n’avait découvert qu’en sortant de table que c’était Mme Jacques Fauvet, la femme du directeur du Monde. Lorsque son mari et elle l’avaient raccompagné rue de Varenne en voiture, c’était presque la fin de l’après-midi, et il était épuisé.

D’autre part, la veille, le mercredi 27



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