Joseph Fouché by Tulard Jean

Joseph Fouché by Tulard Jean

Auteur:Tulard, Jean [Tulard, Jean]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard
Publié: 2010-11-11T11:54:04.678000+00:00


CHAPITRE XIX

L'affaire Malet

Le bulletin de police du samedi 10 octobre 1812 annonce le décès, le jour précédent, « à dix heures du matin, de Mme la duchesse d'Otrante, morte subitement d'une convulsion nerveuse à sa terre de Ferrières, aux yeux de toute sa famille. La veille, elle avait accompagné le duc, son époux, à la promenade, et, le matin du 9, elle avait déjeuné en famille253. »

Depuis sa disgrâce, Fouché mène une vie de rentier entre Aix, chef-lieu de sa sénatorerie, et Ferrières où il est bientôt autorisé à revenir. Son traitement de sénateur (25 000 francs), le revenu de sa sénatorerie (25 000 francs également), sa pension d'ancien ministre, d'importantes donations impériales254, et tout ce que lui rapporte la terre de Ferrières qu'il n'a cessé d'étendre lui assurent une grande aisance. C'est la partie officielle de sa fortune. A-t-il puisé pour son compte dans les fonds secrets? On ne sait. Mais, informé avant tout le monde, il a su habilement spéculer depuis le Directoire par l'entremise d'hommes de paille comme l'ancien oratorien Lecomte. Fouché passe pour riche, très riche même255.

À Aix où il retrouve son ancien collègue de la Convention Thibaudeau, devenu préfet des Bouches-du-Rhône, il loue l'hôtel de Forbin qu'il fait aménager pour y donner des réceptions. Introduit dans la bonne société restée royaliste, il y rencontre Gabrielle de Castellane dont il fera plus tard sa femme. Il croise aussi un jeune avocat, Manuel, et se laisse séduire par ses idées libérales.

De retour à Ferrières en septembre 1811, il suit les événements d'un oeil faussement détaché. On parle déjà d'une guerre avec la Russie. Au fond de lui-même, Fouché la condamne. Le diplomate qu'il fut sous le Directoire se réveille. Talleyrand a été écarté des Affaires étrangères, Maret ne le vaut pas. L'occasion est belle. Faut-il croire les Mémoires de Fouché qui reproduisent un texte que le duc d'Otrante aurait remis à Napoléon pour lui ouvrir les yeux sur les dangers d'une telle guerre, à l'occasion d'un entretien aux Tuileries? « Craignez, Sire, lit-on en conclusion, que vos peuples ne vous taxent d'une ambition irréfléchie et ne se préoccupent trop de la possibilité d'une grande infortune. Votre puissance et votre gloire ont assoupi bien des passions hostiles; un revers inattendu pourrait ébranler tous les fondements de votre empire256. »

Napoléon aurait refusé d'écouter Fouché. Si elle n'a rien d'invraisemblable, une telle intervention n'a jamais reçu aucune preuve. Les contemporains ne font pas mention d'une visite de Fouché aux Tuileries à cette époque ou d'une démarche quelconque. Au contraire, Fiévée, dans une note de juillet 1812, indique que Paris, depuis le départ de Napoléon, n'abrite aucune intrigue, « ce qu'on doit attribuer à l'union qui règne entre les gens en place et plus encore à la subordination qui s'est établie entre eux depuis la chute de M. le duc d'Otrante. Tout aurait été et aurait paru de même pendant les autres absences de l'Empereur sans les étonnantes prétentions de ce ministre de la Police qui haïssait tout ce qui était



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.