Joseph Fiévée by Tulard

Joseph Fiévée by Tulard

Auteur:Tulard
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard


VII

LE CORRESPONDANT DE NAPOLÉON

Depuis octobre 1802, Fiévée est le correspondant secret de Napoléon. Satisfait des notes reçues de Londres, le Premier Consul lui a demandé de continuer sa correspondance par le canal de Lavalette, directeur général des Postes. Faut-il mettre en rapport ce nouveau rôle de Fiévée avec la disgrâce de Fouché, le 15 septembre précédent ? Le ministère de la Police générale avait alors été supprimé et ses services venaient d'être rattachés à ceux du ministère de la Justice, véritable hérésie puisque les deux pouvoirs, le policier et le judiciaire ne pouvaient s'entendre. Bonaparte avait besoin de sources d'information sûres et variées et pouvait craindre de n'en pas recevoir suffisamment de la nouvelle organisation policière.

Jusqu'en 1813, Fiévée va régulièrement remettre des notes sur les sujets les plus divers. Bonaparte semble les avoir appréciées puisqu'il lui a conservé sa confiance jusqu'à la fin de l'Empire. Notons, toutefois, que Fiévée n'était pas seul. Bonaparte recevait aussi lettres, notes et bulletins de Mme de Genlis 60 et de Montlosier 61, de l'ancien conventionnel Barère et de Montgaillard 62, sans compter les rapports de plusieurs polices officielles ou parallèles 63.

Qu'il s'agisse de Fiévée ou de Mme de Genlis, Napoléon attendait d'eux de simples notes et non, comme on l'a insinué, de l'espionnage. Pas de mouchardage, pas de dénonciations chez Fiévée qui a pour simple mission de dire tout ce qui lui passe par la tête sur les sujets de l'heure. Il écrit en quelque sorte une chronique d'humeur destinée à éclairer le chef de l'État sur l'esprit public. L'empereur, à Sainte-Hélène, déplorera en 1817, devant Bertrand, de n'avoir pas élargi ce système d'information et de n'avoir pas demandé à des hommes comme Sieyès de lui écrire :

« J'avais par le moyen de Lavalette, une haute police secrète et importante. Douze personnes correspondaient avec moi et avaient, chacune, 12 000 francs par an. Elles pouvaient dire tout ce qu'elles voulaient, sur quelque sujet que ce fût, car jamais je ne disais rien. Je lisais ou ne lisais pas, brûlais ensuite, mais jamais ces personnes n'avaient de moi un signe de vie et ne savaient même si on les avait lues. Mme de Genlis, Fiévée, Montlosier étaient du nombre. J'aurais dû étendre davantage ce système qui était très bon... 64 »



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