Jomard, le dernier Égyptien by Laissus Yves

Jomard, le dernier Égyptien by Laissus Yves

Auteur:Laissus, Yves [Laissus, Yves]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard
Publié: 2015-11-27T23:00:00+00:00


TROISIÈME PARTIE

FRANCE-ÉGYPTE

AU TEMPS DE MÉHÉMET ALI

Chapitre XIII

L'École égyptienne de Paris

Jomard n'a jamais quitté l'Égypte, par la pensée tout au moins. Ce pays, où il n'est jamais revenu, n'a, paradoxalement, plus cessé de hanter son esprit jusqu'à son dernier jour. L'Égypte s'est emparé de lui : non content de consacrer son temps et son énergie, pendant plus de vingt-cinq années, à la monumentale Description de l'Égypte, il a rêvé de voir se développer, au pays des pyramides, cette propagation des Lumières de l'Occident, commencée par l'Institut d'Égypte et la Commission des sciences et des arts. Cette pensée, devenue un projet, presque une obsession, l'a occupé jusqu'au bout.

Trois années seulement passées par les Français dans la vallée du Nil, n'avaient pu, en effet, changer la société égyptienne. Après leur départ, trois groupes armés restent en présence : les Anglais, qui finissent par rembarquer le 16 mars 1803, en exécution des clauses du traité d'Amiens1 ; l'armée turque, au sein de laquelle se signale la milice turbulente et féroce des Albanais ; enfin, les mamelouks, affaiblis mais redoutables encore, que le sultan voudrait bien réduire une fois pour toute à l'obéissance. La France, où résident désormais, près de Marseille, quelques centaines d'Égyptiens réfugiés2, s'est, au moins provisoirement3, résignée à son échec : le 8 vendémiaire an X (30 septembre 1801), elle conclue des préliminaires de paix avec la Turquie, à laquelle elle reconnaît la souveraineté sur l'Égypte, puis, le 6 messidor an X (25 juin 1802), Talleyrand signe à Paris, avec l'ambassadeur de La Porte, un traité d'alliance offensive et défensive, ratifié par le sultan le 25 août suivant. Par ce traité, qui contrarie évidemment les Britanniques, toutes les anciennees capitulations de commerce sont renouvelées et les nouveaux alliés se garantissent mutuellement l'intégrité de leurs possessions. La parenthèse ouverte en 1798 semble donc refermée, mais la question d'Orient reste posée et va connaître bientôt de nouveaux développements car l'Égypte passe aux mains d'un chef ambitieux, celui que les Français appelleront Méhémet Ali4.

Il y a de l'incertitude quant à la date de naissance de Méhémet Ali ; lui-même se voudra né en 1769, la même année que Napoléon, son modèle. On connaît au contraire exactement son origine : fils d'un officier de milice exportateur de tabac, il est né à Karvala, petit port de Macédoine sur la mer Égée ; il est Turco-Albanais et ne s'exprimera jamais qu'en turc.

Il a fait partie de l'armée anglo-ottomane débarquée en Égypte en mars 1801 et qui a obligé Menou à signer la capitulation de l'armée d'Orient. Remarqué pour son courage et son aptitude à commander, il commence dès lors à manœuvrer entre les divers partis qui se disputent le pouvoir en Égypte – Turcs, mamelouks, mercenaires albanais (dont il est l'un des chefs) – opposant habilement les unes aux autres les ambitions rivales de la sienne. Le 18 juin 1805, il est officiellment investi par La Porte en tant que pacha d'Égypte : le voilà au pouvoir ; il va s'y maintenir, au milieu de multiples péripéties, quarante-quatre années durant.



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