Joe Leaphorn T1 La voie de l'ennemi by Tony Hillerman

Joe Leaphorn T1 La voie de l'ennemi by Tony Hillerman

Auteur:Tony Hillerman [Tony Hillerman]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Rivages/Noir
Publié: 2011-01-05T23:00:00+00:00


14

Il n’y a aucune manière confortable, découvrit McKee, d’être allongé sur le ventre avec les poignets liés et attachés aux chevilles par une corde sur le siège arrière d’un véhicule qui roule. Ce qu’il pouvait trouver de mieux consistait à braquer son regard sur l’arrière du siège avant : en lorgnant du coin droit de l’œil il apercevait la nuque du Grand Navajo. Son chapeau était abaissé sur son front. Certainement parce qu’il roulaient vers l’ouest et que le soleil était bas sur le pare-brise. En plongeant son regard le long de sa joue, il apercevait mademoiselle Leon, assise toute raide contre la portière droite de la Land Rover, aussi loin de l’Indien qu’il lui était possible.

La Land Rover fit une embardée en roulant sur quelque chose et McKee écarta les genoux pour éviter de changer de position sur le siège. Ce mouvement déclencha à nouveau la douleur lancinante dans sa main droite. Le Navajo disait quelque chose qui se perdit dans son état de défaillance.

— Je ne sais pas, répondait mademoiselle Leon.

— Et vous ? Combien de temps aviez-vous l’intention de rester ?

La question semblait si ordinaire et si aimable que McKee fut pris d’une envie de rire. Mais quand elle eut répondu deux ou trois jours, le Navajo tourna la tête vers elle. Il y eut alors un long silence et, quand il parla à nouveau, McKee se rendit compte que la question n’avait rien de gratuit.

— Est-ce que quelqu’un savait où vous alliez ?

— Tout le monde.

— Ce docteur Green d’Albuquerque le savait, insista le Navajo. Qui d’autre ? Et votre mari ? Est-ce qu’il savait que vous veniez dans ce canyon ?

— Je n’ai pas de mari.

Il y eut un nouveau silence.

— Qui d’autre le savait alors ?

— D’autres amis à moi, bien sûr, et ma famille. Pourquoi ? Quelle différence cela fait-il ?

— Autre chose. Pourquoi McKee est-il resté assis dans le canyon en me laissant lui couper toute retraite ?

— Demandez-lui.

— Non, c’est vous qui allez me le dire.

— Parce que je me suis comportée comme une idiote, avoua-t-elle.

— Vous l’avez ralenti ? gloussa-t-il. Vous ne croyiez pas qu’il y avait un Loup Navajo ?

— Il avait cette horrible blessure au front, expliqua-t-elle. J’ai cru que ça venait de là.

— Enfin, je l’aurais eu de toute façon.

— Non. Si je n’avais pas été là, le docteur McKee se serait échappé.

— Peut-être que vous ne savez pas bien comment nous sommes, nous autres Loups Navajo. Nous nous changeons en coyote, en chien, en ours, en renard, en chouette et en corneille.

McKee avait les yeux fixés sur l’arrière du crâne du Navajo : il avait énuméré cette litanie d’animaux mythiques d’une voix pleine de sarcasme. Et il y avait fait figurer l’ours, la chouette et la corneille. Il y avait eu une querelle universitaire à ce sujet lors de la première publication du livre de Greersen sur les croyances en la sorcellerie dans les années vingt. Greersen n’avait fait état que d’un récit pour chacun d’eux.



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