Jim Chee T3 La voie du fantôme by Tony Hillerman

Jim Chee T3 La voie du fantôme by Tony Hillerman

Auteur:Tony Hillerman [Tony Hillerman]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782869301016
Éditeur: Rivages/Noir
Publié: 1992-11-14T22:00:00+00:00


16.

Jim Chee, qui s’était toujours considéré comme un excellent conducteur, conduisait pour l’heure avec appréhension. Le mélange de précision, d’adresse et de confiance en leur propre immortalité que les conducteurs de Los Angeles mettaient en pratique sur leur système d’autoroutes faisait osciller Chee entre l’admiration craintive et la résignation stoïque. Mais sa chance avait tenu jusqu’ici, elle allait bien tenir un après-midi de plus. Son pick-up truck traversait l’interminable zone urbaine occupée par la cité et les villes satellites, laquelle faisait de Los Angeles une jungle humaine. Pendant un moment, il parvint à savoir à quel endroit il était exactement par rapport à celui d’où il, était parti, observant les changements de direction et se souvenant des endroits où il était passé d’une autoroute à une autre. Mais il fut bientôt submergé. Il se concentra exclusivement sur la carte des autoroutes sur laquelle Shaw avait tracé des repères à son intention, et sur les virages à ne pas manquer. La route montait un peu maintenant pour quitter le fond de la cuvette où s’étirait la ville, et des signes indiquant la présence du désert étaient visibles dans les terrains vagues d’abord grands comme une maison, puis comme un pâté de maisons, puis qui occupèrent tout un pan de colline érodée et parsemée de cactus et de ces buissons secs et épineux qui sont communs aux régions où il pleut rarement. Le côté pauvre de la ville. Chee l’observa avec curiosité. Il avait perdu la notion de l’endroit où il se trouvait par rapport à son motel. Mais là-bas, au-dessus de l’horizon dans la direction du sud-ouest, il y avait le soleil. Et vers l’est, au-delà de ces crêtes arides, s’étendait le désert. Et derrière lui, quelque part au-delà des fumées de plus en plus épaisses qui recouvraient la ville, il y avait le Pacifique, froid et bleu. Cela lui suffisait.

Juste devant lui il aperçut alors le panneau de sortie que Shaw lui avait dit de guetter. Il se rabattit en coupant prudemment les files de l’autoroute, emprunta la bretelle de sortie et vint se garer sur l’aire de parking d’une station service Savemor. Ici, des herbes sauvages poussaient dans les fentes de l’asphalte. Un homme bedonnant d’une quarantaine d’années qui portait une salopette était appuyé contre la caisse et le contemplait placidement. Chee étala sa carte des rues de Los Angeles sur son volant pour s’assurer qu’il était au bon endroit. Le panneau indiquait Jaripa Street, ce qui semblait correct. Maintenant il lui restait à trouver Jacaranda qui traversait Jaripa quelque part pour mener à cette adresse que Shaw avait fini par arracher à la logeuse de Gorman. Cela avait été impressionnant de le voir en action.

Chee se remémora l’entretien. Les deux entretiens, pour être exact, quoique le premier eût été bref. Il avait sonné à la porte, sonné et résonné jusqu’à ce qu’elle finisse par venir le dévisager, sans prononcer un mot, par le battant à peine entrouvert. Elle avait examiné ses papiers officiels attestant qu’il appartenait à la Police Tribale Navajo sans qu’ils semblent produire sur elle la moindre impression.



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