Jeu pour les vivants by Highsmith Patricia

Jeu pour les vivants by Highsmith Patricia

Auteur:Highsmith, Patricia [Highsmith, Patricia]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782702106310
Éditeur: Calmann-Lévy
Publié: 1958-01-01T23:00:00+00:00


17

LA maison des Velasquez n’était pas grande, et Théodore fut stupéfait de voir que tant de gens avaient réussi à s’y entasser. On dansait, même dans le vestibule, au son d’une musique cubaine jouée par un orchestre de quatre musiciens installés dans le living-room. Quelques danseurs firent à Théodore des signes joyeux. Il n’y avait que des bougies pour tout éclairage, et il flottait partout une odeur d’encens, une trace de gardénia et les parfums mêlés des femmes. Ramon examina la foule à travers son masque de clown, avec le ravissement d’un simple d’esprit.

Théodore chercha des yeux Constancia, la seule personne qu’il pût reconnaître, et dit :

« Où est la señora Velasquez ?

— Le señor ou la señora ? cria Constancia.

— La señora ! »

Constancia regarda autour d’elle, puis lui désigna un coin de la pièce en disant :

« La souris ! » et elle pouffa.

Théodore prit Ramon par le bras et se dirigea vers la petite souris grise perchée sur le bras d’un fauteuil.

« Olga ! Bonsoir ! C’est Théodore !

— Ah ! fit Olga en ouvrant les bras. Señor Kangourou ! (Elle tira sur la poche marsupiale de son costume.) Et Ramon ?

— Il n’est pas dedans ! fit gaiement Théodore. Le voici ! Ramon, viens saluer notre hôtesse ! »

Ramon prit sa patte de souris et s’inclina courtoisement.

« Vos amis les Hidalgo sont ici, mais je ne les vois pas pour l’instant. Voici le señor et la señora Carvajal… le señor Schiebelhut, dit Olga en le présentant aux gens qui l’entouraient. Señora Guzman…

— Mais non, protesta la silhouette masquée d’une voix de fausset. Moi, je suis la señora Jimenez ! »

Tout le monde éclata de rire.

« Peu importe ce soir qui nous sommes ! dit Olga. Finies les présentations. Il y a à boire dans le jardin, Teodoro. Allez prendre ce que vous voulez. Quelqu’un m’a marché sur le pied en dansant, et je ne peux pas encore bouger facilement.

— Oh ! c’est grave ? fit Théodore en se penchant sur le pied d’Olga.

— Non ! Je suis simplement paresseuse. Allez chercher un verre et revenez danser avec moi ! »

On dansait aussi dans le jardin, derrière la maison. Des personnages méconnaissables cherchaient à attraper les diables en papier mâché accrochés aux arbres, ils sautaient et tournoyaient comme des derviches. Il semblait incroyable qu’une telle folie pût se prolonger toute la nuit, mais c’était pourtant ce qui allait se passer, et dans toute la ville. C’était la troisième des quatre nuits du carnaval, et on ne s’avouait fatigué qu’une fois la dernière nuit passée. Depuis la première, les bruits des klaxons, des chants et du piétinement dans la rue montaient jusqu’aux fenêtres de Théodore. C’était la première soirée de la saison à laquelle il se rendît, et on aurait dit que toute l’animation qu’il avait entendue dans les rues, tous les costumes dans les devantures qui attiraient l’œil étaient venus se rassembler dans cette maison pour une immense explosion.

« Un verre, Ramon », dit Théodore en lui tendant une coupe de punch avec une paille dedans.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.