Je t'ai dans la peau... by Messier Kim

Auteur:Messier Kim
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: De Mortagne
Publié: 2016-01-21T00:00:00+00:00

Ma fille et moi nous blottissons sous les couvertures, dans son lit. Je joue dans ses cheveux.

— Karl est gentil, me confie-t-elle en bâillant.

— Oui, il l’est.

— Pourquoi est-ce qu’il n’a pas voulu regarder un film avec nous ?

— Il te l’a dit, chérie. Il avait un rendez-vous.

Elle fait la moue.

— Alicia… j’ai besoin de discuter avec toi.

Ma puce s’allonge sur le ventre et me regarde droit dans les yeux. Un instant, j’hésite, puis je me lance.

— Est-ce que ton père t’a dit qu’il était en colère contre moi ?

— Non, mais il est toujours fâché quand il te parle au téléphone.

Un soupir las s’échappe de mes lèvres. Dominic est-il conscient que ses réactions affectent sa fille ? Qu’elles font en sorte qu’elle me perçoit comme la méchante, et lui comme la victime ? Se plaît-il dans ce rôle ? Fait-il exprès… pour se venger ?

— Pourquoi tu n’aimes plus papa ? Et pourquoi lui, il t’aime encore ?

« Ouch ! »

La question d’Alicia met fin au tourbillon de mes pensées.

— C’est compliqué…

— Pourquoi, maman ? insiste-t-elle, les yeux brillants de larmes.

Ah seigneur ! Elle est pénible, cette conversation. Avant de répondre, je choisis mes mots.

— Tu sais, en grandissant, parfois, les personnes changent. Les sentiments qu’on éprouve aussi.

Je marque une pause.

— Ton père et moi, avec les années, on est devenus deux personnes complètement différentes. Pour moi, ton père était un ami. Il n’était plus un amoureux.

— Tu aurais pu rester avec lui même si tu ne l’aimais plus ! hoquette-t-elle, des larmes coulant sur ses joues.

Mes propres larmes menacent de jaillir. Oui… J’aurais pu choisir de rester, de me résigner, de supporter. Pour ma fille, j’aurais pu… J’AURAIS DÛ… Pour éviter d’éclater en sanglots, je durcis mon cœur et bloque le désespoir qui me submerge. Devant Alicia, je dois être forte et optimiste.

— Ma puce, je suis consciente que ma décision t’affecte beaucoup, mais fais-moi confiance. Après la tristesse viendra le bonheur. Et ton père ne sera pas toujours en colère contre moi. Sais-tu à quel point je t’aime ?

Elle hoche la tête en pleurant doucement. Cédant à mon instinct maternel, j’essaie de la faire rire et commence à chanter, d’une voix éraillée :

— Que je t’aime, que je t’aime, que je t’aime ! Que je t’aime, que je t’aime, que je t’aime !

Ma fille sourit. Je me penche et la chatouille. Elle s’esclaffe.

— Je t’aime aussi, maman, finit-elle par me dire, tout essoufflée.

Une fois qu’elle s’est calmée, je la borde. Les couvertures sous le menton, les joues rougies, Alicia bâille encore.

— Fais de beaux rêves, ma princesse.

J’embrasse son front. Elle ferme les yeux. Ce n’est que lorsque je me retrouve dans ma chambre que je sanglote à chaudes larmes.

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