Je Suis l'Empereur de Chine by Tong Su

Je Suis l'Empereur de Chine by Tong Su

Auteur:Tong Su [Su, Tong]
La langue: fra
Format: epub
Tags: 2015-10-11T17:07:18.928000-03:00
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


4

Le printemps touchait à sa fin. Devant la Salle du Recueillement, les cigales commençaient à striduler dans les genévriers et les cyprès. Dans le Sud, l'issue du combat demeurait indécise. Les deux armées se faisaient face et les pertes augmentaient de part et d'autre sans qu'on pût entrevoir la fin des hostilités. Au palais, en ces derniers jours de printemps, on chantait et on dansait. Chez les femmes, à l'arrière du palais, parmi les fleurs fanées et les lotus près d'éclore, dans le parfum des crèmes, des poudres et des fards flottaient dans l'air les fumées d'un autre combat, l'éternel combat des femmes entre elles.

Une terrible nouvelle me parvint du Pavillon du Loriot Chantant : ma concubine Hui avait fait une fausse couche et le fœtus qu'elle avait perdu était un renard blanc. Un jeune eunuque m'annonça l'événement en bredouillant et il me fallut très longtemps pour comprendre où il voulait en venir. Pour soulager ma colère, je lui administrai une retentissante paire de gifles :

— Qui t'a donné l'ordre de venir me raconter ces inepties ? Elle allait très bien. Pourquoi aurait-elle fait une fausse couche ? Et comment une femme pourrait-elle accoucher d'un renard ?

Le pauvre eunuque n'avait pas envie de discuter la question. Il ne pouvait que me montrer du doigt le Pavillon du Loriot Chantant :

— Votre esclave ne sait rien. C'est l'Impératrice et l'Impératrice Douairière qui m'ont ordonné de dire à l'Empereur de venir constater la chose par lui-même.

Je me précipitai vers le Pavillon du Loriot Chantant. Dame Meng et les concubines étaient assises et chuchotaient dans l'antichambre. Sans un mot, je me dirigeai vers l'escalier. Dame Meng voulut m'arrêter :

— Ne monte pas ! Tu ne dois pas respirer l'air du malheur !

Elle ordonna à une servante d'aller chercher le renard et, d'une voix où l'on percevait la douleur et la panique, ajouta :

— Vois par toi-même, et tu te rendras compte que ta concubine Hui est un vrai démon.

La servante ouvrit le ballot de toile en tremblant et la chose qui m'apparut était, en effet, un minuscule renard blanc couvert de sang. L'odeur était insupportable. Je reculai d'un pas, soudain baigné d'une sueur froide, tandis que les concubines se cachaient le nez dans leurs manches.

— Quelle preuve a-t-on que c'est ma concubine qui a enfanté cet animal ? demandai-je, quand j'eus retrouvé mon calme.

— Les servantes qui veillaient sur elle et le médecin impérial Sun Tinmei en sont témoins. Si tu ne me crois pas, je peux les faire venir pour qu'ils racontent ce qu'ils ont vu.

Tout cela était fort louche et je ne savais que faire. Du coin de l'œil, je regardai la répugnante Impératrice. Vêtue de ses plus beaux atours, assise au milieu des concubines, elle piquait une cerise dans un plat avec un cure-dents. D'un geste gracieux, elle porta la cerise à sa bouche et j'aperçus sur son visage une expression suspecte.

Ma pauvre concubine Hui !

Je poussai un soupir en me dirigeant vers l'escalier sans m'occuper de ma mère qui tentait de m'arrêter.



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