J'étais sa chose by Sharma

J'étais sa chose by Sharma

Auteur:Sharma
La langue: eng
Format: epub
Éditeur: City Edition
Publié: 2012-08-26T16:00:00+00:00


13

Voyage à Londres

Un soir, l’imam nous a annoncé que nous allions visiter une mosquée à Londres. Il y avait beaucoup de route, mais nous partirions tôt le matin et rentrerions tard le soir.

— Dites à vos frères et sœurs de venir, a-t-il déclaré. Ils sont tous les bienvenus.

Farqad était survoltée.

— Tu t’assiéras à côté de moi dans le bus, hein ? m’a-t-elle demandé.

— C’est promis.

Je ne partageais pas son enthousiasme, car le voyage était prévu un samedi. Les samedis et les dimanches étaient les deux seuls jours de la semaine où je n’étais pas obligée de voir l’imam, et la pensée d’une journée supplémentaire en sa compagnie me glaçait le sang.

Lorsque j’ai proposé à mes frères de venir, Saeed a dit qu’il m’accompagnerait, ce qui m’a remplie de soulagement. Je ne risquerais rien si l’un de mes frères était là.

Maman nous a donné un gros sac de sandwiches à la viande épicée, et nous sommes partis ensemble à la mosquée. Il était huit heures du matin. Le lieu de rendez-vous grouillait d’enfants surexcités et de parents qui discutaient. Apercevant un de ses anciens amis, Saeed l’a rejoint devant la mosquée. Lorsqu’il a vu que je me retrouvais toute seule, l’imam est venu me chercher.

— Viens là-haut, j’ai quelque chose pour toi, m’a-t-il soufflé à l’oreille.

Le cœur serré, je l’ai suivi. La salle grouillait de gens, mais personne n’a fait une quelconque remarque quant au fait que je montais derrière l’imam. Il n’allait tout de même pas me toucher aujourd’hui, avec tous ces gens en bas et mon frère dehors ? J’étais terrifiée à l’idée que quelqu’un le découvre. Tout le monde saurait alors que j’étais une petite fille dégoûtante.

L’imam m’a fait signe de le suivre dans sa chambre et est parti soulever le tapis qui recouvrait son trésor.

— Je t’ai dit que tu pouvais venir te servir chaque fois que tu le désirais, mais tu ne l’as jamais fait. Pourquoi donc ? a-t-il demandé.

Je ne lui ai pas révélé qu’à mes yeux, c’était de l’argent sale, que je devrais m’en débarrasser le plus vite possible, car c’était la preuve de ce qu’il me faisait.

— Tiens, a-t-il dit en ramassant une pièce d’une livre. Prends ça pour le voyage. Tu pourras t’acheter des bonbons.

Je ne voulais pas de son argent – je ne voulais rien qui vienne de lui. Mais je ne voulais pas non plus provoquer sa colère, pas aujourd’hui, pas avec tous ces gens autour de nous.

— Merci, ai-je répondu d’une voix faible en prenant la pièce qu’il me tendait.

J’imaginais qu’il allait falloir que je la mérite, désormais. Allait-il me faire quelque chose de dégoûtant avant que nous ne partions pour Londres ?

— Allez, a-t-il dit, descendons rejoindre les autres.

Une vague de soulagement m’a envahi tout le corps. Je me sentais apaisée : pour une fois, je ne risquais rien. J’ai dévalé les marches. La salle était bondée d’élèves en pleine séance de bavardage. J’ai senti qu’on me tapait sur l’épaule : c’était Farqad.

— Je te cherchais. Où étais-tu passée ? a-t-elle lancé en m’enlaçant.



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