Janet by Fitoussi Michèle

Janet by Fitoussi Michèle

Auteur:Fitoussi, Michèle
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: JC Lattès
Publié: 2018-09-05T00:00:00+00:00


Ross se laissa convaincre. Janet était devenue une excellente journaliste. Depuis peu, elle rédigeait une lettre de Londres, en alternance avec celle de Paris. C’était encore une idée à lui. Il cherchait toujours comment améliorer son magazine. L’année 1934 avait compté parmi les meilleures depuis sa création. L’abrogation de la loi sur la prohibition avait fait rentrer des publicités sur l’alcool, qui généraient beaucoup d’argent. La rédaction avait déménagé dans un immeuble de la 43e rue, où elle occupait le dix-neuvième et le vingtième étages. Ross payait mieux les contributeurs : Janet recevait à présent cent cinq dollars par chronique.

Quand il lui avait proposé d’aller à Londres, elle avait accepté sans hésiter. Elle avait besoin de changer d’air et de mieux gagner sa vie. En dépit de quelques problèmes d’organisation, doublés d’un surcroît de fatigue causé par les déplacements en train et en ferry, elle éprouvait autant de plaisir à écrire cette chronique londonienne que ses lecteurs à la lire. Elle rendait compte de la scène théâtrale, de l’opéra et des ballets, dont les Anglais étaient friands, comme elle. À son grand plaisir, elle avait assisté aux représentations de la Shakespeare Repertory Company et avait fait rêver sa mère en lui décrivant Sir Laurence Olivier dans Hamlet.

Ross était satisfait de ses enquêtes au sein de la gentry et surtout de son portrait de la reine Mary publié à l’occasion du jubilé, en mai 1935. Janet n’avait pu rencontrer la souveraine et elle le regrettait. Mais grâce à son réseau londonien, elle avait glané des anecdotes savoureuses dans son proche entourage. Son portrait sonnait aussi juste que si elle avait vécu à Buckingham Palace : « Il est probable que personne ne sache aujourd’hui qui est la reine d’Angleterre, pas même la reine elle-même. Pendant trente-cinq ans, elle a donné douze heures par jour et toute son énergie et sa conscience à ne pas être elle-même. »

Le duc de Kent, quatrième fils de la souveraine, lui adressa une lettre de félicitations. Et Ross fit plus que la complimenter. Il lui envoya un chèque de sept cent cinquante dollars et augmenta encore le tarif de ses chroniques.

— Essayez de rencontrer Hitler si vous pouvez ! lui dit-il. Si vous arrivez à faire moitié aussi bien que la reine Mary, alors votre renommée s’étendra dans toute la nation ou au moins d’ici jusqu’au Mississippi !



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