Jane Eyre II by Charlotte Brontë

Jane Eyre II by Charlotte Brontë

Auteur:Charlotte Brontë [Brontë, Charlotte]
La langue: fra
Format: epub
Tags: fiction
ISBN: 978-2-8247-1281-9
Éditeur: Bibebook


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Chapitre 29

Je ne me rappelle que très confusément les trois jours et les trois nuits qui suivirent mon arrivée dans cette maison ; je pensais peu ; je ne faisais rien. Je sais que j’étais dans une petite chambre et dans un lit étroit. Il me semblait que j’étais attachée à ce lit, car j’y restais aussi immobile qu’une pierre, et m’en arracher eut presque été me tuer. Je ne faisais point attention au temps ; je ne m’apercevais pas de l’arrivée du soir ou du matin. Je voyais quand quelqu’un entrait dans la chambre ou la quittait ; je pouvais même dire qui c’était ; je comprenais ce qui se disait, lorsque celui qui parlait était près de moi ; mais je ne pouvais pas répondre : il m’était aussi impossible d’ouvrir mes lèvres que de remuer mes membres. Anna était celle qui me visitait le plus souvent ; je n’aimais pas à la voir, parce que je sentais qu’elle m’aurait voulue loin de là, qu’elle ne comprenait pas ma position et qu’elle était mal disposée à mon égard. Diana et Marie entraient dans la chambre une ou deux fois par jour, et je les entendais murmurer à côté de moi des phrases semblables à celles-ci :

« C’est bien heureux que nous l’ayons fait entrer.

— Oh oui ! car on l’aurait certainement trouvée morte le lendemain, si elle fût restée dehors toute la nuit. Je me demande ce qui a pu lui arriver.

— Elle a supporté de grandes souffrances, je crois, la pauvre voyageuse pâle et amaigrie !

— À en juger d’après sa manière de parler, ce n’est pas une personne sans éducation ; son accent est très pur, et les vêtements qu’on lui a retirés, bien que souillés et mouillés, étaient beaux et presque neufs.

— Elle a une figure singulière, maigre et hagarde, et qui me plaît pourtant ; quand elle est animée et en bonne santé, je parie que sa physionomie doit être agréable. »

Pas une seule fois je ne les entendis regretter l’hospitalité qu’ils m’avaient accordée ; pas une seule fois je ne les vis témoigner, à mon égard, de défiance ou d’aversion. Je me sentais bien.

M. Saint-John ne vint me voir qu’une seule fois ; il me regarda, et dit que mon état léthargique était la réaction inévitable qui devait suivre toute fatigue excessive. Il déclara inutile d’envoyer chercher un médecin ; il était sûr, disait-il, que, livrée à elle-même, la nature n’en agirait que mieux. Il ajouta que chacun de mes nerfs avait été violemment excité et qu’il fallait un profond sommeil à tout le système ; que je n’avais pas de maladie et que ma convalescence, une fois commencée, serait rapide. Il dit toutes ces choses en peu de mots et à voix basse. Après une pause, il ajouta, du ton d’un homme peu accoutumé à l’expansion :

« Une physionomie extraordinaire, et qui certainement n’indique ni la vulgarité ni la dégradation.

— Loin de là, répondit Diana ; à dire vrai, Saint-John, je m’attache à cette pauvre petite créature ; je voudrais pouvoir la garder toujours.



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