Jackie et Lee by Stéphanie des Horts

Jackie et Lee by Stéphanie des Horts

Auteur:Stéphanie des Horts [des Horts, Stéphanie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature
Éditeur: Éditions Albin Michel
Publié: 2020-01-13T00:00:00+00:00


26 juin 1963. On a vu mieux comme promenade de santé, et qui a envie de mettre les pieds à Berlin-Ouest au cœur de l’été ? C’est tout l’art de la politique. Dans l’avion qui les mène en Allemagne, Jack Kennedy relit son discours en tapotant machinalement sur l’accoudoir du fauteuil. Devant le mur censé protéger l’Ouest des assauts machiavéliques de l’Est, il doit se prononcer sur la bipolarité du monde. Khrouchtchev n’est pas franchement sa tasse de thé. Mais il est temps de détendre les relations. « Et si j’expédiais Lee, songe Jack en regardant sa belle-sœur se recoiffer dans son miroir de poche, si j’expédiais Lee chez les Ruscoffs ? Non, mon Dieu, Jackie ne me le pardonnerait jamais. » Il est 9 h 45 quand ils atterrissent à l’aéroport de Tegel. Jack Kennedy est ovationné. Des milliers de personnes se pressent au passage de la voiture présidentielle. À 11 h 35, il est devant la porte de Brandebourg. Les autorités est-allemandes ont disposé des tentures rouges qui empêchent le Président de voir à travers la porte ce qui se passe à l’Est. « Ça commence bien », songe-t-il. À 12 h 05, il visite Check Point Charlie. La foule est en délire. À 12 h 50, Kennedy arrive à la mairie de Schöneberg, accueilli par une foule compacte sur la Rudolph Wilde Platz. « Ken-ne-dy, Ken-ne-dy », scande le peuple. Cela vaut la grande parade de Broadway. Quatre cent mille personnes massées attendent son discours. Il monte à la tribune, escorté par Konrad Adenauer et Willy Brandt. Il prononce une brève allocution en anglais. Puis s’arrête et fait face à la foule. Il profère alors ces quatre mots qui resteront célèbres : « Ich bin ein Berliner. » Le public en délire exulte, Berlin n’est plus isolé. Les Allemands de l’Ouest n’ont aucun doute sur l’engagement de l’Amérique en leur faveur. Le Président montre tout son soutien à la ville enclavée dans la RDA. Derrière lui, coincée entre ses agents de sécurité, Floyd Boring et Jerry Behn, la princesse Radziwill est radieuse dans un manteau blanc avec son petit chapeau imaginé par Kenneth. La presse est dithyrambique. On chante les louanges américaines. La Bannière étoilée résonne, le pays est en liesse.

– Tu le pensais vraiment ? interroge Lee dans l’avion du retour. Tu avais l’air possédé.

– Je l’étais, je le suis, par ma fonction.

– Tu vas être un grand président, Jack, on se souviendra de toi longtemps, de ta personnalité, ton charisme, ta force. C’était magnifique, une telle expérience, je me suis sentie emportée, je me suis sentie allemande, avoue-t-elle émue.

– Je me fiche comme d’une guigne de ma personnalité, Lee, je veux que les gens se souviennent de ce que j’ai fait pour l’Amérique. Je veux un réchauffement des relations entre l’Est et l’Ouest. Mais ça va prendre un certain temps, car ces fichus rouges sont totalement bornés.

Lee Radziwill allonge ses jambes et pose les pieds sur le fauteuil qui lui fait face. On vole vers l’Irlande où le voyage doit continuer.



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