Izzo Jean-Claude - Trilogia Marsigliese 03 - 1998 - Solea by Izzo Jean-Claude

Izzo Jean-Claude - Trilogia Marsigliese 03 - 1998 - Solea by Izzo Jean-Claude

Auteur:Izzo Jean-Claude [Izzo Jean-Claude]
La langue: ita
Format: epub, mobi
Tags: Fiction, Noir, Crime, Mystery & Detective, International Mystery & Crime, Policier
ISBN: 9788866328001
Google: VFukDAAAQBAJ
Éditeur: E/O Edizioni
Publié: 2016-07-05T22:00:00+00:00


11

Où c’est bien la vie qui se joue ici,

jusqu’au dernier souffle

Je me réveillai en sursaut. Une petite sonnerie dans la tête. Mais ce n’était pas le téléphone. Ce n’était pas un bruit non plus. C’était bien dans ma tête, et pas vraiment une sonnerie. Un déclic. Est-ce que j’avais rêvé ? De quoi ? Six heures moins cinq, merde ! Je m’étirai. Je ne me rendormirais pas, je le savais déjà.

Je me levai et, une clope à la main, que j’évitai d’allumer, j’allai sur la terrasse. La mer, d’un bleu sombre, presque noir, commençait à s’agiter. Le mistral se levait. Mauvais signe. Le mistral en été était synonyme d’incendies. Des centaines d’hectares de forêts, de garrigue partaient en fumée chaque année. Les pompiers devaient déjà être sur les dents.

Saint-Jean-du-Gard, me dis-je. C’était ça. Le déclic. Le tampon sur l’enveloppe de Babette. Saint-Jean-du-Gard. Les Cévennes. Qu’est-ce qu’elle foutait là-bas ? Chez qui ? Je m’étais préparé un café, dans ma petite cafetière italienne une tasse. Une tasse après l’autre. Je l’aimais comme ça, le café. Pas réchauffé. J’allumai enfin ma clope, et tirai dessus doucement. La première bouffée passa sans problème. C’était gagné pour les suivantes.

Je mis un disque du pianiste sud-africain Abdullah Ibrahim. Echoes from Africa. Un morceau particulièrement. Zikr. Je ne croyais ni à Dieu ni à diable. Mais il y avait dans cette musique, dans son chant – le duo avec Johnny Dyani, son bassiste –, une telle sérénité que l’on avait envie de louer la terre. Sa beauté. Ce morceau, je l’avais écouté des heures et des heures. À l’aube. Ou quand le soleil se couchait. Il m’emplissait d’humanité.

La musique s’éleva. Ma tasse à la main, dans l’encadrement de la porte-fenêtre, je regardai la mer s’agiter plus violemment. Je ne comprenais rien aux paroles d’Abdullah Ibrahim, mais cette Remembrance of Allah trouvait en moi sa traduction la plus simple. C’est bien ma vie que je joue ici, sur cette terre. Une vie à goût de pierres chaudes, de soupirs de la mer et de cigales qui, bientôt, se mettront à chanter. Jusqu’à mon dernier souffle, j’aimerai cette vie. Inch Allah.

Une mouette passa, très bas, presque au ras de la terrasse. J’eus une pensée pour Hélène Pessayre. Une jolie mouette. Je n’avais pas le droit de lui mentir plus longtemps. Maintenant que j’étais en possession des disquettes de Babette. Maintenant que je devinais où elle était planquée, Babette. Il fallait que je vérifie, mais j’en étais presque sûr. Saint-Jean-du-Gard. Les Cévennes. J’ouvris son classeur d’articles.

C’était son tout premier grand reportage. Le seul que je n’avais pas encore lu. À cause, sans doute, des photos qui illustraient son document, et que Babette avait prises elle-même. Des photos pleines de tendresse pour cet ancien étudiant en philo devenu éleveur de chèvres après Mai 68. Elle l’avait aimé, ce Bruno, j’en étais sûr. Comme moi. Peut-être nous avait-elle aimés, lui et moi, en même temps ? Et d’autres encore ?

Et alors ? me dis-je, en continuant à lire l’article. C’était il y a dix ans.



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