Introduction à la métaphysique chinoise by Jean-Christophe DEMARIAUX

Introduction à la métaphysique chinoise by Jean-Christophe DEMARIAUX

Auteur:Jean-Christophe DEMARIAUX
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Artège


Pour autant, la vie des êtres ou l’existence des choses n’est rendue possible de manière concrète que grâce au qi car le li relevant de l’ordre transphénoménal, c’est-à-dire de ce qui est « en amont des formes » (xing’ershang), il lui faut nécessairement un partenaire pour s’actualiser. Chez notre philosophe, ce « souffle » (qi) va prendre une connotation très concrète : on peut dire qu’il constitue la matière énergétique ou la substance matérielle de son système. C’est ainsi que s’établissent une réciprocité et une collaboration entre li et qi. Le premier ne peut s’actualiser sans la substance qui lui confère l’appui et la forme tandis que le second ne peut opérer l’indi viduation sans se conformer au principe formel qui l’informe. Pour pouvoir exister, un être a donc besoin conjointement d’un li comme modèle et de qi comme instrument.

Cette double structure concerne tous les êtres, y compris l’homme. Toutefois, parce que son esprit (xin) contient les li de toutes choses, il permet à l’homme de parvenir à la connaissance du Principe transcendant. C’est aussi du li que l’homme tire sa nature (xing) humaine et celle-ci, venant du Ciel, est foncièrement bonne. Afin d’expliquer les inégalités entre les hommes et la présence du mal dans le monde, Zhu Xi développe l’idée que le problème provient de la qualité du qi reçu lors du processus d’individuation, celle-ci n’étant pas constante : ceux qui reçoivent un qi clair deviendront des saints ou des sages tandis qu’à l’inverse, ceux qui héritent d’un qi boueux, seront des idiots et des individus incapables, c’est ce qu’il appelle la « dotation du souffle » (qibing). En résumé, la forme exemplaire est invariante tandis que la matière est fluctuante.

À la lecture de ce bref aperçu de philosophie néoconfucianiste, on comprend que le monde dans son ensemble, c’est-à-dire chacun des « dix mille êtres » (y compris leurs structures primordiales – yin/yang et Cinq agents), n’existe que par la « Raison du Ciel » (tianli) transphénoménale. Celle-ci lui donne son sens et, en raison de sa primauté de dignité sur la matière, commande aussi les transformations de sa matérialité. Le sens de l’existence ne pouvant relever de lois physiques, cette « Raison du Ciel » relève par conséquent d’une loi morale qui, comme l’a fort bien souligné L. Vandermmersch, dépasse la rationalité physique, purement cosmologique, du phénomène, pour fonder les valeurs de l’existence. C’est ainsi, poursuit-il, que « le terme “méta-physique” ne convient pas très bien à l’ontologie néoconfucianiste, à laquelle il ne s’applique que par analogie. Mieux vaudrait parler de “méta-éthique” pour caractériser une doctrine dont le propos est de fonder une loi morale n’apparaissant nullement comme surimposée à la nature physique des choses, mais comme la raison d’être la plus profonde de l’univers, et à laquelle au contraire ce sont les lois physiques qui se surimposent20 ».



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