Ils ont échangé mon enfant by Sophie Serrano

Ils ont échangé mon enfant by Sophie Serrano

Auteur:Sophie Serrano [Serrano Sophie]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: City Editions
Publié: 2015-10-20T22:00:00+00:00


12

Si, maman, si

On est si petit, le monde est si grand.

Que serait la vie, sans notre maman.

Mick Micheyl

Après une année de travail au centre de randonnée équestre, Jean-François m’annonça qu’il allait vendre le domaine pour partir vivre à Madagascar. J’étais très surprise, mais surtout déçue de cette nouvelle. Toutes les bonnes choses ont une fin, me disais-je. Jean-François et moi, nous étions très complémentaires et sur la même longueur d’onde.

C’était un homme séduisant, plus âgé que moi, mais, malgré cette différence d’âge, il y avait eu un rapprochement entre nous.

Il m’avait alors proposé de partir vivre avec lui et avec mes enfants à Madagascar, mais, avant, il me proposait d’y venir quinze jours pour me faire une opinion. L’idée ne me déplaisait pas. Dans ses bras, je me sentais bien ; nous étions vraiment en harmonie.

Je voyais aussi souvent ma mère, et je m’apercevais qu’elle avait une voix étrange, comme si elle était enrouée. Je m’inquiétais.

— Mais qu’est-ce que tu as ? Tu as une voix bizarre, lui disais-je.

— Je sais. Je dois faire des analyses de sang.

Quelque temps plus tard, ce fut la stupéfaction : les médecins lui apprirent qu’elle avait un cancer. Le choc fut brutal.

— Ne t’inquiète surtout pas, Sophie. Tout va bien se passer. Les médecins sont confiants. Je vais guérir, c’est sûr ! me dit-elle, peut-être pour me rassurer.

Elle commença des traitements. Je la voyais maigrir de jour en jour, et sa vitalité semblait fondre. Elle devenait fragile, mais, en même temps, elle était courageuse, battante et gardait espoir.

J’avais mal pour elle ; je souffrais de la voir souffrir. C’était injuste. J’aurais aimé pouvoir l’aider ou prendre son mal. Elle avait enfin tout pour être heureuse : un merveilleux mari, un bébé, une belle maison, son magasin… Tout ce dont elle avait toujours rêvé. Une maman si dévouée et aimante… Comment la vie pouvait-elle être aussi cruelle et la faire autant souffrir ? Mais ma mère allait guérir ; les choses ne pouvaient pas en être autrement. Il m’était impossible d’imaginer que la maladie pourrait prendre le dessus.

Au centre équestre, la saison riche d’expérience et de bien-être se terminait. Jean-François avait vendu ; son départ approchait. J’étais déçue, car j’aurais tellement aimé que cela ne s’arrête jamais.

Jean-François est donc parti à Madagascar, où je l’ai rejoint un mois après, en octobre 1999. Pendant ce temps, Manon était chez sa tatie et s’y plaisait, comme toujours. Laura, quant à elle, était chez mon amie Ève. J’étais excitée par cet incroyable voyage et surtout à l’idée de rejoindre Jean-François, car je ne m’habituais pas à son absence. Il me manquait, et je ressentais un immense vide que je n’arrivais pas à combler.

Le vol dura onze heures. Ce fut interminable. À l’arrivée, en sortant de l’avion, je sentis aussitôt l’odeur de l’air chaud et un total dépaysement.

J’étais heureuse de revoir Jean-François, mais je sentais le contexte complètement différent. La relation et les sentiments étaient divergents. Je venais de comprendre que je ne pouvais pas poursuivre une histoire sentimentale avec lui.



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