Hugh d’Ambray T1 De fer et de magie by Ilona Andrews

Auteur:Ilona Andrews [Andrews, Ilona]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Collection Infinity
Publié: 2021-10-13T04:00:00+00:00

***

— Et alors ! (Stoyan agita sa chope en faisant semblant d’être bien plus ivre qu’il ne l’était.) Alors le Précepteur a dit : « Au diable ce truc, brûlons-le. »

La table éclata en rires bruyants.

Hugh sourit, Elara aussi. Elle surveillait Rufus Fortner du coin de l’œil. L’homme avait tout d’un ours avec son mètre quatre-vingts, ses cent dix kilos, sa peau tannée par le soleil ainsi que les épreuves, et ses épaules qui passaient à peine la porte. La cinquantaine, le temps ne l’avait pas adouci. Juste buriné. De type caucasien, il avait un de ces visages masculins aux traits exagérés : un menton carré et saillant, une mâchoire imposante, un nez court et épaté, des sourcils proéminents, des yeux bleus resserrés. Sa moustache, qu’il gardait bien taillée, était encore rousse, mais ses cheveux et sa barbe avaient grisonné.

Il en était à sa cinquième bière et semblait prendre du bon temps.

Il leva son bock.

— Une bière !

La sixième.

Irene plongea un pichet dans le tonneau et glissa jusqu’à lui pour le resservir.

— Merci, ma douce.

La jeune femme s’écarta de son chemin.

Elara survola la tablée. Les six gardes que Fortner avait assis à leur table formaient un groupe disparate. Cinq hommes et une seule femme. Détendus, ils buvaient et mangeaient.

— C’est un bel endroit que vous avez ici, dit Rufus.

Quelque chose titilla la conscience d’Elara.

— On ne peut pas se plaindre, répondit Hugh.

— On a déjà travaillé dans un château. À Cincinnati, précisa l’un des gardes.

— Ah, oui, celui de Cus… Ces… C’était quoi, le nom de ce type déjà ? demanda Rufus, le front plissé.

— Cousteau, dit la seule femme de sa troupe.

— C’est ça.

Et c’était là à nouveau, ce petit tiraillement.

— Veuillez m’excuser, murmura Elara en se levant de table.

Hugh lui attrapa la main.

— Où vas-tu, sucre d’orge ?

Jeter un sort de mort qui t’arrachera les yeux de leurs orbites.

— Quelque part où je dois aller seule. (Elle lui fit un clin d’œil.) Tu sais, cette pièce au bout du couloir avec le mot « Dames » sur la porte.

Il la relâcha.

— Ne sois pas trop longue.

— Bien sûr que non.

Tandis qu’elle s’éloignait, Rufus déclara dans ce qu’il croyait être un chuchotement :

— Vous êtes un homme chanceux, Précepteur. Sans vouloir vous offenser.

— Oh, mais je le suis. J’en suis bien conscient.

Elle était sûre à cent pour cent que Hugh lui reluquait les fesses. Elle y ajouta un petit chaloupé aguicheur. Tiens, bave, chéri…

Dans le couloir, elle prit sur la gauche, passa une porte et monta l’escalier de pierre jusqu’à la galerie secrète. Savannah se tenait dans l’ombre et observait la pièce en contrebas. Du sol, cette zone était pratiquement invisible.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-elle.

— Je ne sais pas. Un truc… J’ai besoin d’une minute.

En dessous, Hugh tapa l’épaule de Rufus en riant.

— D’Ambray joue son rôle à merveille, non ? observa Savannah.

— Oui. C’est un caméléon. Il sera ce que les circonstances exigent de lui.

C’est découvrir qui il est vraiment, le véritable enjeu.

— Vous vous êtes évités ces derniers jours.

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